.
Glissades, dérapages et bascules,
Vous tombez vers le bas, incrédules,
Et sans pouvoir vous accrocher à rien,
Roche, arbuste, corde et par devers soi.
.
Il faut l’avoir vécu, pour connaitre effroi
Qui vous rend tripes, ou cœur, en froid :
Votre vie dépend d’un réflexe de survie,
Vous faisant tenir à la moindre aspérité
.
Avec le risque restant de frapper
Sa tête sur des grosses pierres,
Ou de se retrouver tout en bas,
Quatre fers, membres en l’air.
.
Que d’émotions après-coup
En regardant, grand vide,
Auquel vous avez échappé
Jusqu’à en rester livide
Trois heures à la suite,
Vous en tremblez encore,
La pancarte indiquant danger
N’était pas là, du tout, à tort.
.
Marchant le long d’une lévada, à Madère,
La plus ancienne sauvage et dangereuse,
Mieux vaut avoir pieds sûrs, et vue claire,
Pour éviter se trouver position scabreuse.
.
Parfois dix mètres parfois cent, trois cents
De dénivelé sur à-pic, au bord de la lévada,
Sujet au vertige, ne pourra tremblant le pas,
Franchir ces passages, sans étourdissements.
.
Glissades, accidents, sont rares mais mortels,
Rares sont ceux s’engageant face à tel danger,
Mais il en existe qui en sont revenus, rescapés
Avec un peu de chance, avec un destin nickel.
.
Le sort en est jeté, équipière, ça lui est arrivé,
En fin d’un passage d’éboulis, elle a … dévissé
Et sur le dos, sur la pente raide elle a … glissé,
Il fallait faire quelque chose avant… l’éternité.
.
Le saut plongeant, pour être au-dessous d’elle,
Me fait l’effet d’un saut dans le vide scabreux,
Une poignée de secondes pour sauvetage réel,
Tant pis si l’on tombe jusqu’au fond, à deux !
.
Pour la suite, si, l’on est là, pour la raconter :
C’est qu’on en a réchappé cette fois encore,
Grâce à un tronc d’arbre fin, assez allongé,
Pour nous retenir, faire barrière au corps,
Et remontons par nos propres moyens,
A posteriori, émotions viennent soudain
En soubresauts des corps rendus sereins
Pour peu c’était fini : adieu lendemain !
.
.
Extension
.
À quoi tient la vie !
A très peu de choses :
À un peu de prudence,
À un peu de chance,
À aucune évidence.
Si certains passent
À côté de leur vie,
D’autres passent à
Côté de leur mort.
Dans les deux cas,
Leçons de relativité.
.
Je dois vous avouez une chose essentielle en ce qui me concerne,
Je ne serais pas là pour vous le raconter, si ça s’était mal terminé !
Mais qu’importe, ce qui compte après tout, c’est la vie de l’équipière
Sachant qu’il s’agit de ma femme, lors, que serais-je devenu sans elle,
Autant finir tous les deux en : même temps, même ravin, même destin !
Le temps de réfléchir «j’y vais ou j’y vais pas» il aurait été déjà trop tard
C’est donc sur la foi du réflexe de survie, que tous les risques ont été pris.
C’est l’instant où tout bascule : l’on y survivra tous les deux ou l’on meurt,
L’on peut donner sa vie pour ceux qu’on aime, pour un instant d’éternité !
.
Je ne raconte pas ma vie à tout le monde
Même si ce recueil paraitra un peu le faire
Mais je me souviens et même relate, parfois,
Situations scabreuses où j’aurais pu la perdre.
.
Il suffit de bref instant d’inattention, déséquilibre,
Et tout bascule jusqu’à atteindre un fond dramatique.
Il y avait, à l’entrée, un panneau : lévada non conseillée
Mais nous n’en avons pas tenu compte, et l’on aurait dû.
.
L’expérience nous a servi de leçon, faut pas tenter le diable
Dieu sait qu’il a plus d’un tour, une chute, dans en sa poche.
Y a nombre situations critiques où l’erreur ne pardonne pas :
Jusqu’ici je m’en suis tiré, ma femme aussi puisque nous voilà.
.
.
Épilogue
.
Qu’importe que ce soit un petit ou grand saut
La mort n’exigerait pas de sauter de très haut.
.
Qu’importe que ce soit elle ou moi en premier
C’est le couple qui se disloquera et tout entier.
.
Qu’importe si je la sauve ou bien si c’est elle :
C’est l’intention qui compte et qui interpelle.
.
Qu’importe, au final, la vie ou mort, le couple
Est mis à l’épreuve, vérité qui ne trompe pas.
.
On frôle la mort, d’une façon ou d’une autre,
Plusieurs fois dans sa vie, mais en réchappe.
Il suffit de si peu de chose, une inattention :
L’irréparable se produit, et des plus fortuits.
.
Des sauveurs de vie, il y en a, et dieu merci,
Ça peut être pur inconnu, voisin, médecin :
Et pour autant faut-il croire que c’est écrit
Ce n’est pas le jour, l’heure, le lieu, choisis.
.
Rien ne sert, a postériori, de s’émotionner
La seule chose à faire, sera de vite liquider
L’épisode qui aurait pu avoir fin tragique,
Passer à autre chose, la vie continue ainsi.
.
.
82 – Calligramme
.
Glissades, dérapages et bascules,
Vous tombez vers le bas, incrédules,
Et sans pouvoir vous accrocher à rien,
Roche, arbuste, corde et par devers soi.
Il faut l’avoir vécu, pour connaitre effroi
Qui vous rend tripes, ou cœur, en froid :
Votre vie dépend d’un réflexe de survie,
Vous faisant tenir à la moindre * aspérité
Avec le risque restant de E frapper
Sa tête sur des grosses N pierres,
Ou de se retrouver tout * en bas,
Quatre fers, membres U en l’air.
Que d’émotions N après-coup
En regardant, * grand vide,
Auquel vous B avez échappé
Jusqu’à R en rester livide
Trois E heures à la suite,
Vous F en tremblez encore,
La pancarte indiquant danger
N’était pas là, du tout, à tort.
.
Marchant, le long d’une lévada, à Madère,
La plus I ancienne sauvage et dangereuse,
Mieux N vaut avoir pieds sûrs et vue claire
Pour éviter S se trouver position scabreuse.
Parfois dix mètres, T parfois cent, trois cents
De dénivelé sur à-pic, A au bord de la lévada,
Sujet au vertige, ne pourra N tremblant le pas,
Franchir ces passages, sans T étourdissements.
Glissades, accidents, sont rares * mais mortels,
Rares sont ceux s’engageant face V à tel danger,
Mais il en existe qui en sont revenus, O rescapés,
Avec un peu de chance, avec un destin T nickel.
Le sort en est jeté, l’équipière, ça lui est R arrivé,
En fin d’un passage d’éboulis, elle a E dévissé
Et sur le dos, sur la pente raide * elle a glissé,
Il fallait faire quelque chose V avant l’éternité.
Le saut plongeant, pour I être au-dessous d’elle,
Me fait l’effet d’un E saut dans le vide scabreux,
Une poignée de * secondes pour sauvetage réel,
Tant pis si l’on B tombe jusqu’au fond, à deux !
Pour la suite, si, A l’on est là, pour la raconter :
C’est qu’on en a S réchappé cette fois encore,
Grâce à un tronc C d’arbre fin assez allongé,
Pour nous retenir U faire barrière au corps
Remontons par nos L propres moyens,
A posteriori émotions E viennent soudain
En soubresauts des corps, rendus sereins,
Pour peu c’était fini : adieu lendemain !
.
.
Forme
.
Réduction
.
.
.
Évocation
.
Totem des peuples amérindien
Sorte de sarcophage, tombeau,
Un petit, et un grand, tonneau,
Roulade sur la pente côte à côte.
.
Quand on tombe le long d’un ravin pentu
On roule comme un tonneau, et voire deux,
Dans le cas précis d’un homme et une femme.
.
Quand un tonneau se mettrait à rouler,
Qui pourrait bien l’arrêter :
Il faudrait qu’il rencontre sérieux obstacle
Pour ne pas chuter … à pic.
.
Symbolique
.
Le symbolisme du tonneau se rattache
À celui de jarre, du puits, vase d’abondance,
Ainsi qu’à celui du contenu, du vin, qu’il contient.
Il évoque souvent une idée de richesse et de joie.
Et les Danaïdes, qu’une légende tardive voit
Aux Enfers, versant indéfiniment de l’eau
Dans des tonneaux, sans fond, étaient
En réalité des nymphes de sources.
Modifié, source : europia.free.fr
.
Descriptif
.
82 – En un bref instant : votre vie bascule
Alignement central / Titre serpente / Thème canaux
Forme courbe / Rimes égales / Fond approché de forme
Symbole de forme : tonneau / Symbole de fond : roulade
.
.
Fond
.
Évocation
.
.
Un tonneau qui tournera sur lui-même
En pente raide, ferait des roulades
Et qui ne s’arrêteront qu’au fond
D’une cavité, vallée ou ravin.
.
Symbolique
.
Peu importe la situation,
Tout évolue avec le temps.
Et cette expression remonte
À la mythologie romaine.
Déesse du hasard, Fortuna,
Décidait destin des hommes
Avec sa roue qu’elle faisait
Tourner selon ses humeurs.
Roulade, devenue symbole
Du destin, entraînait chance
Malchance en vie des gens.
.
.
Corrélations
Fond/forme
.
Ce n’est pas la roue qui tourne, roulant en un ravin
Ni un tonneau qui résonne tombant dans le pétrin,
C’est juste la vie de quelqu’un auparavant humain,
Auquel on était attaché, hier, aujourd’hui, demain.
.
Il aura suffi d’un rien, d’une pierre et sans avertir
Pour qu’une jeune femme entrevoit soudain sa fin
Dieu merci, bon samaritain s’est lancé sans pâtir
Pour lui barrer la route, lui couper son chemin,
Sinon c’est pas un : deux, à pleurer, chagrin !
.
Un tonneau c’est beau, mais quand ça roule
En une pente puis ravin, rien ne l’arrêtera
Il tombera jusqu’au plus bas avec fracas
Parler de lui, plus personne n’entendra.
.
Ce qu’il en coûte de se mettre en boule
Y compris pour un humain, femme,
Rime avec mort soudaine, certaine
Sans plus de forme, touché le fond
Et peut-être son âme, le tréfonds.
.
Visuel
.
.
Chute accidentelle ravin et sauvetage
.