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Je ne parviens plus à bien me souvenir,
Directement de toi, ton visage
Mais, je me rappelle encore,
D’un détail jugé essentiel
Ne t’appartenant plus
Et que pourtant j’ai
Associé à ton nom.
C’est, ce cadeau
Que je sens, ici.
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Mémoire, succession événements
Laissant, tous, des traces fragiles
Dans mon cerveau, en ne gardant
Que choses les plus belles, utiles.
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Tantôt poubelle et tantôt prison,
Tantôt merveille tantôt déraison,
Ma mémoire n’oublie jamais rien ;
Mais simplement, ne s’en souvient.
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Quand amour mort tombe en oubli,
Il est faux de dire : mémoire, merci,
Le souvenir s’empile mais ne s’efface
Jamais, mémoire ne se perd sa trace.
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Je voulais te rappeler et … j’ai oublié :
Pardon, la mémoire a mal fonctionné,
Elle se rétablit, parfois, dents de scie :
Et, grâce à elle, je t’ai retrouvé, merci.
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Retrouver pourquoi et pour que faire,
Pour reprendre le contact avec toi,
Rebond de moi, faux bond de toi,
Oubli, provisoire, arbitraire !
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Le souvenir reste une chance,
Ou un poison, une délivrance,
Selon que son cœur y penche
Qu’il veut, ou pas, revanche :
Grâce à lui, cette fois j’y suis.
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Tu étais accoudé à l’escalier,
Tu étais en contre-plongée,
Et j’ai flashé sur ton image.
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Et la suite, tu la connais bien,
Car maintenant, tout me revient :
Je me suis entêté à me rappeler à toi
Sans succès, tant je ne te méritais pas.
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Extensions
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– « Je bois pour oublier et
j’ai oublié ce que je dois oublier »
– « Alors arrête de boire »
– « Non, je ne peux pas, je ne veux pas,
parce ce que si je m’arrête de boire
je vais me rappeler ce que je dois oublier ! »
– « En somme, un cercle vicieux duquel
tu n’en sortiras jamais »
– « C’est ça, t’as bien compris ! »
Le souvenir s’en va puis revient :
il nous lâche et puis il nous tient.
Même si on en oublie, transforme,
crée quelques-uns, sa trace restera
toujours là, comme mémoire de l’eau
pour l’homéopathie, et voire le placebo
Heureusement le cerveau fait en nous le tri,
surtout la nuit quand on dort et les plus récents
sont toujours les plus faciles et rapides à retrouver.
Pour d’autres, faut parfois mener longtemps l’enquête,
trouver un indice qui met sur sa piste et suivi des autres :
– « Je n’ai hélas gardé aucune trace de ce que tu m’évoques »
– « On était à tel endroit avec un tel et t’avais fait le clown…»
– Ah oui, ça y est, j’ai retrouvé : comment l’oublier en vrai »
– « Voilà, tu connecte, commute, percute.»
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Je suis venu, j’ai convaincu, j’ai disparu,
Après quoi, je ne sais pas, je ne sais plus,
Trace de mon passage sur la neige effacée
J’ai comme un flash, sur un balcon, privé.
C’est ce balcon qui est devenu le fil rouge,
Que j’aurai tiré comme la bobine de laine,
Pour retrouver souvenir de notre fredaine
Et pour ressentir ton parfum léger de peau
Comme un cadeau que j’ai eu de plus beau.
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La fiabilité des traces n’est pas garantie
Parfois on modifie souvenirs d’enfance,
Quand on en n’invente pas, simplement
Qui plus est en toute et vraie bonne foi.
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On peut vous instiller faux souvenirs
Avec de simples conditionnements,
La mémoire reste sujette à caution,
Il faut plusieurs indices, témoins,
Pour tirer une bonne information.
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Ai-je rêvé ou ai-je réellement vécu
Quel qu’événement traumatisant,
Si je peux refaire, revivre le film,
Je distinguerais le vrai du faux.
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Épilogue
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La mémoire serait comme bibliothèque,
Où chacun range faits, traces, à sa façon,
Lors ceux qui réussiront à tout retrouver
Auraient dépensé l’énergie à cataloguer.
***
Je ne me souviens d’aucun de mes écrits
Or la seule vue d’un titre, me remémore,
Non pas le texte mais … de quoi il s’agit,
Les premiers mots enchainent une suite.
***
Tout comme si la mémoire était à tiroirs,
Cachant leur contenu sous une étiquette,
Or comment mettre visages en conserves
Sachant qu’ils évolueront avec le temps !
***
Fortunément, on mémorisera bien tout :
La démarche, la posture … même l’allure
Si bien l’on reconnait quelqu’un de dos,
Un détail qui nous a marqué, bien trop.
***
Et en dehors de la Madeleine de Proust,
Qui fera office de référence sur l’odeur
La voix, sur l’ouïe ; le sourire, l’humeur,
Je crois, te reconnaitrais, dans le noir !
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560 – Calligramme
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Je ne parviens plus à bien me souvenir,
Directement de toi, ton visage
Mais, je me rappelle encore,
D’un détail jugé essentiel
Ne t’appar tenant plus
Et que pourtant j’ai
Associé à ton nom.
C’est, ce cadeau
Que je sens, ici.
.
Mémoire M succession événements
Laissant É tous des traces fragiles
Dans mon M cerveau, ne gardant
Que les choses O les plus utiles.
Tantôt poubelle I tantôt prison,
Tantôt merveille R ou déraison,
Ma mémoire n’oublie E jamais rien
Mais, simplement, ne s’en * souvient.
Quand amour mort tombe en É oubli,
Il est faux de dire : mémoire, V merci,
Le souvenir s’empile mais ne É s’efface,
Jamais mémoire ne se perd N sa trace.
Je voulais te rappeler et j’ai E oublié :
Pardon, la mémoire a mal M fonctionné.
Elle se rétablit, parfois T dents de scie.
Mais grâce à elle, je t’ai * retrouvé, merci.
Retrouver pourquoi L et pour que faire,
Pour reprendre le A contact avec toi,
Rebond de moi, I faux bond de toi,
Oubli, provisoi * re, arbitraire !
Le souvenir est T une chance,
Ou un poison, une R délivrance,
Selon que son cœur R y penche
Qu’il veut ou pas A revanche.
Grâce à lui cette fois C j’y suis.
E
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F R A G I L E
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Tu étais accoudé à l’escalier,
Tu étais en contre- plongée,
Et j’ai flashé sur ton image
Et la suite, tu la connais bien,
Car maintenant, tout me revient :
Je me suis entêté à me rappeler à toi
Sans succès, tant je ne te méritais pas.
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Forme
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Réduction
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Évocation
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Flacon de parfum, d’odeur !
La trace de mes pas en chemin
La trace d’un souvenir, ancien,
La trace, fragile, d’un bon vin.
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La trace peut n’être qu’un indice, un détail,
comme dans les films policiers ou enquêtes
la trace d’un parfum peut parfois suffire
à retrouver quelqu’un par un chien.
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Les mémoires des odeurs et des saveurs
Seront les plus primitives :
Une seule trace de ce parfum pourrait
Vous remémorer souvenir.
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Symbolique
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Les êtres humains sont capables
De distinguer entre une odeur
Et une autre, ils sont capables
De distinguer entre ce que nous appelons
Une bonne odeur et une mauvaise odeur,
Capable de distinguer entre parfum, puanteur.
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L’expérience de l’odeur dépendrait de la transmission
De minuscules particules aux terminaisons du nerf olfactif.
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Odeur, senteur, parfum, est donc chose extrêmement subtile.
Nous ne pouvons pas le voir, nous ne pouvons pas l’entendre.
Pourtant, c’est bien définitivement là. Le parfum est symbole.
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Descriptif
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560 – Mémoire événement laisse trace fragile
Alignement central / Titre serpente / Thème mémoire
Forme ovale / Rimes variées / Fond approché de forme
Symbole de forme : parfum / Symbole de fond : trace
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Fond
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Évocation
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Les mémoires des odeurs et des saveurs
Seront les plus primitives :
Une seule trace de ce parfum pourrait
Vous remémorer souvenir.
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Symbolique
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J’ai comme un trou noir
Dans le fond de ma mémoire
Qui me cache souvenirs sous-jacents
Que je me suis employé à oublier ou non.
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Le pire est lors je veux les remettre en lumière,
Le trou noir persiste et cela est pour moi troublant
Car je suis certain de l’avoir vécu tout de même
Mais où et quand et avec quoi et pourquoi,
Cela demeure comme une trace perdue.
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Corrélations
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Fond/forme
On dit qu’on aura perdu toute trace
De quelque chose, voire de quelqu’un.
On dit aussi qu’on ne disparaitrait pas
Comme çà sans raison, dans la nature !
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L’odeur est un indice tant celle d’humain
Lui colle à la peau puis persiste au dehors
Et plus encore sur ses vêtements récents.
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Il est probable qu’un souvenir d’événement
Laisse des éléments chimiques, en suspens,
Stockés dans un coin secret de sa mémoire.
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De subtiles odeurs
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Scénario
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Tu as marché vers moi, en la neige, peu habillé, dans le froid ;
tu m’as rejoint, m’as parlé sur mon balcon, en haut de l’escalier ;
tu es reparti, sur la pointe des pieds, en la neige, en oiseau, léger !
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