Début et fin de vie passent par un trou !

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Le début et fin de vie comme par un trou : formulé ainsi, analogie de mauvais goût, et pourtant, elle est sensible et nourrice : ventre et tombe sont comme matrices. Mère pour fœtus, terre pour défunt : le passage, d’un trou noir, à l’autre, reste troublant,  bien que commun, attendant le mien entendant le vôtre. Que dire de plus que : nés du néant, nous y retournerons, cela fatalement.  La vie n’est qu’un passage, un voyage d’enfants terribles, ou d’enfants sages !

 

Pour naître au monde, remuant, l’homme sort d’un trou noir béant. Pour accéder à la lumière : sensation. Pour s’éclairer à la lumière : réflexion. Au grand soir, quittant notre monde, l’homme entre en un grand trou blanc qui le mettra à l’ombre de la lumière dans le néant, devenant poussière : poussière faite d’électrons qui gravitent en rond autour du noyau vital de matière végétale ou animale. Principe de vie et programme d’humain : pas de quoi crier  «grand drame !» L’intelligence se poursuit, d’aventure en aventure, jusqu’à sa banale, finale déconfiture Nous ne sommes que de passage sur Terre : pourquoi alors faire que notre Univers soit en fin, tout comme nous, promise à l’enfer. D’un trou à l’autre, ce moment de grâce nous est offert et s’il n’y a ni dieux ni anges ni démons, ni même de Lucifer, en dehors de nos fantasmes d’éternité, de notre imaginaire, profitons bien de tous les instants en sachant que nous sommes tous sœurs et frères. Nous sommes sortis du même moule pour croître, et décroître, en foules. Comme les mers se déchaînant avec les vents, les tremblements de houles, les tsunamis, les explosions, les asphyxies, un séisme nous avalera, et le Cosmos continuera, sans nous, son expansion, récession. Ce dramatique passage d’un trou noir à l’autre peut nous paraître troublant, alors qu’en définitive, à l’échelle du monde, il reste insignifiant. A peine sommes-nous naissant que nous voici, l’instant suivant ou presque, mourant : l’essentiel n’est pas ne vivre longtemps : de mourir content. Philosopher n’est apprendre à mourir : apprendre comment mourir en passant du matin au soir et du blanc au noir sans le moindre espoir ni désespoir ! Nous sommes des raies de lumière brûlant leur chaleur éphémère et si en nous, il existe autre chose que matière esprit fossile, cette chose est appelé à rejoindre d’où elle vient, Cosmos ou Dieu, ainsi soit-il !

 

& Si on ne sort pas de terre en naissant, on y entre en mourant, pourrissant ! Le trou est ailleurs et bien plus grand, mourant qu’en naissant, évidemment, mais ce sera la même question : néant. On sort d’un trou en criant, souriant, on y rentre en pleurant, blêmissant !

 

 

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La vie, c’est simple : on sort d’un trou de ventre  en naissant

 

 

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pour rentrer dans un autre, souterrain,  en mourant !

 

 

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Né, mort : les deux bornes et dates de toute vie humaine. 

 

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Si on ne sort pas de terre en naissant

On y entre en mourant, pourrissant !

Le trou est ailleurs et bien plus grand

Mourant qu’en naissant, évidemment

Mais ce sera le même question néant.

On sort d’un trou en criant, souriant,

On y rentre en pleurant, blêmissant !