39 – De la Bretagne aux Canaries

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Textuels

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Textuel poème

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  • On ne dira jamais assez combien la mer demeure un monde à part ! Qu’on en pense du mal ou du bien, il faut la pratiquer pour la connaitre. D’être devant ou dessus ou dedans, ne procure pas mêmes impressions, même joies, ni même peurs, qui vous colleront à la peau. Jour de vent, beau temps, changent votre prévision jours avec et sans. L’ennui et le  mal de mer sont sœur et frère de votre erre. Si la Bretagne, pour sûr, gagne à être connue, à être parcourue, les Canaries aussi, comme on nous l’a prédit.  Nous avons été, durant ces derniers jours, secoués comme des ballots, des pruniers, avec vent et courant, dans le nez, à ne plus savoir, aux alentours si, un jour, la dépression  finirait, quand Finisterre apparaitrait. Une halte, au port de Camariñas, une bouffée d’air chaud, de vent frais et on repart pour deux jours, on va plein sud à Cascais, pour de vrai, où on fait une halte, pour débarquer un équipier, nous met sur la route des Canaries. Cinq jours encore, et le vent du nord, nous pousse par nos voiles étarquées, à voir poindre l’archipel des alizés : nous voilà prêts à débarquer à bon port. Je me sens bien, sur ce voilier fort léger, bien que voguant seul, au milieu de l’eau, à passer le plus clair du temps à m’occuper de moi, de ma lecture, de mon écriture, du quart, du bateau ! Mais, je suis tout de même content d’arriver pour revoir ma femme et mes enfants sur terre, enfin, et faire, avec eux, trempettes et randonnées d’été, puis naviguer d’une ile à l’autre, avec entrain, marquer les sillages de souvenirs glanés. La mer est immense et le temps, élastique, mais on ne s’ennuie pas si on a le sens pratique. Deux jours auront été nécessaires pour atteindre  la pointe de la Bretagne, du Finistère, d’Ouessant et pour le contourner, avec des vents irréguliers et une mer formée, deux jours pour s’amariner.

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Textuels extensions

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  • Deux plus cinq, égal sept : une semaine de navigation hauturière que je ne suis pas prêt d’oublier, non pas suite événements contraires mais par l’effet du temps qui n’en finit plus de passer. L’on dit qu’un jour en mer en vaut trois sur terre. Essayez voir : il faut l’expérimenter pour le croire et se laisser aller à perdre tout repère pour s’en imbiber tant il est vrai qu’au bout de trois ou quatre jours en mer, le temps ne compte pas, le temps ne compte plus et l’espace est si grand qu’on ne voit tout autour que le rond de l’horizon.  Naviguer, naviguant, navigable, navigateur : autant de verbes, autant de noms, adjectifs, tantôt descriptifs, tantôt, qualificatifs, pour mettre longue croisière  en valeur et au bout de laquelle, le dépaysement, sans atteindre un fort degré d’exotisme, reste suffisant pour être ailleurs, tant, de la Bretagne aux Canaries, il n’y pas de descente en enfer : qu’en paradis ! Il y a ceux qui auront le stress, voire même, la peur de naviguer, de quitter la terre ferme pour être seuls, pour être laissés, livrés à eux-mêmes et qui n’auront, dès lors, qu’une seule hâte, celle de revenir au plus vite à un port : ceux-là sont des adeptes du cabotage. Il y a ceux qui partent plusieurs jours, qui se disent heureux d’être enfin seuls,  qui apprécient le calme ou la tempête d’océan et qui renâcleront à retrouver la terre ferme, avec les tumultes, agitations des habitants,  toujours prêt à repartir, à la moindre occasion : ceux-là sont des vrais marins de haute mer. Nous sommes, quelque part, entre les deux : contents de naviguer, contents de randonner.

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Textuel fragments

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  • La navigation en haute mer est un art et une pratique, qui ne laisseront que peu de marge aux erreurs de voile et de barre. J’en ai connu qui, sous les tempêtes, les vents fous, ont tourné, des jours en mer, comme en un trou : en vrai y a de quoi faire une dépression ! Nous avons été secoués dix fois plutôt qu’une, nous avons imploré le Soleil et puis la Lune, mais quel que soit notre fortune et infortune, nous sommes récompensés comme pour tribune. On s’accorde en cela au montagnard, qui déploie de gros efforts à grimper, contemplant beau panorama, oublie déjà qu’il est fatigué, bien marqué ! Le voyage aux Acores était pire encore : douze jours sans voir personne, même pas croiser le moindre bateau, j’en ai encore des frissons dans le dos ! Tout stress, s’il y en a, ou s’il y en avait, disparait au bout de deux ou trois jours, le temps qu’il faut à trouver ses marques. Après quoi, un rythme quotidien s’installe, fait que l’on ne pense plus à bien ou à mal : le temps s’étire, voile roule, lors on s’en tire.

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Illustrations : visuels, scénario et fiction

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Visuels

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Nous avons quitté notre Parc de rochers

roses de Ploumanac’h ainsi que le phare,

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pour venir admirer les portes espagnoles

d’entrées des monuments … historiques,

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et pour randonner sur tous les chemins,

dans toutes les îles d’Archipel canarien :

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pendant huit jours : rien à l’horizon

 de Bretagne, Canaries, à 360 degrés

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Scénario

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Fiction

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Textuels symboliques 

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Navigation

  • Symbolique de forme : L’art de la navigation nécessite un apprentissage  pour se servir des outils dont le marin dispose, tels que la Règle ou le Compas : l’un étant générateur du cercle, et l’autre, de la ligne droite. Le compas peut tracer des cercles, des arcs pour déterminer des points d’intersections qui constituent autant de repères pour tracer des droites par la règle et ainsi sa route puis la rectifier en cas de dérive.

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Vent

  • Symbolique de fond : Le vent est, en raison de son agitation, un symbole de vanité, d’instabilité, d’inconstance : une force élémentaire qui appartient aux Titans, c’est dire à la fois sa violence et son aveuglement. D’autre part le vent est synonyme de souffle, celui de l’esprit en particulier. Il est en lien direct avec la représentation et l’orientation de l’espace : la Rose des Vents possède en effet, de huit ou douze pointes.

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Corrélations > Navigation, temps, espace, horizon, trajectoire.

  • Liens fond/forme  : La navigation apprend à distinguer, confondre le temps et l’espace en une même dimension : un jour, vous faites cent vingt milles marins et le lendemain, vingt, si ce n’est moins. Temps et espace ont un point commun : leur ligne proche, lointaine, d’horizon, recule à mesure que l’on s’approche d’elle. Une trajectoire en navigation restera une trajectoire, qu’elle soit droite ou en ziz-zag : l’important n’est-il pas d’arriver au bout en bon état, bonne humeur, bon port. Cela bien que, en début de parcours, elle se cherchera avant de trouver son rythme, ses marques au vent. En ligne droite, il n’y a aucun port ni abri, à proximité, même si on longe  un jour, ou deux, les côtes portugaises, à moins de faire une escale à Cascais / Lisbonne ou Madère. En fait quand on est parti et qu’on est bien, on continue tout droit.

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