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Originaux : poème, extensions, fragments
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Poème
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Notre courte traversée
Sur notre voilier Ar-Kilé
Se devait être programmée
Comme promenade, de santé.
Il y a soixante milles nautiques,
De Fuerteventura à Gran-Canaria.
La traversée est annoncée idyllique,
Nous débutons, grande voile, au mat,
Elle nous a gâtés, et de tous les temps,
Qu’on peut, en pleine mer, rencontrer.
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Elle nous fait nombre de mouvements,
Souquer, toiler, virer, abattre ou lofer,
Un vrai stage d’équipiers, en accéléré,
Et le vent, changeant souvent d’allure,
Il fallait changer, les voiles, d’amures,
Contents d’être arrivés fin de journée.
Avec des ennuis de pilote, régulateur,
Il fallait tenir la barre, en connaisseur,
Il y a de Fuerteventura à Gran-Canaria,
À vol d’oiseau, un pas, un voilier, six pas.
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Le vent souffle ………… vers les huit nœuds
Et ce dès notre sortie ….……. devant le port,
Alors départ au moteur………. sera notre sort
D’après notre météo : plutôt ……….. fâcheux !
Dès au-delà de la pointe .….. quatorze nœuds,
On hisse, de suite, les voiles, qui .… d’aisance,
Nous font avancer, encore, en petite cadence,
En une mer calme, comme miroir… douteux.
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Mais, passé la pointe que déjà vingt nœuds :
On prend un riz ensuite on réduit le génois,
La mer grossit, elle est plus creuse parfois,
Le temps deviendrait-il… plus hasardeux.
Au large, l’on atteint … vingt-six nœuds,
Mais, pas de panique … on tient le cap,
Que ça tangue … ça roule … ça dérape,
Nous sommes encore… tout heureux.
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À mi-parcours, un grain, tempétueux,
Second ris fait mouchoir pour génois,
Nous voici en une vraie purée de pois,
Tiens donc bien la barre, malheureux.
Le vent fort, s’essouffle en demi-tons,
À ce point, il nous faut renvoyer toile,
Pour assurer notre programme voile,
D’arriver pile à l’heure, au ponton.
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Le vent revient juste avant arrivée,
Moteur au port au ponton estimé,
Avec près deux heures d’avance,
Bénissons, des vents, la chance.
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Extensions
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Traversée est une aventure, et, une gageure.
On sait quand on part, on ne sait pas quand
On arrive, ni même, si l’on arrivera,
Conditions, paramètres, changeants,
On pourra subir des changements de météo,
Une avarie mécanique, coque prenant l’eau.
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Tant ici, nous aurons eu « la totale »,
Toutes les allures, les types de temps,
Sortes de hauteurs de vagues, et de courants.
Et la seule chose rassurante est d’apercevoir
Des iles, en vue, devant et derrière.
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La première, allant, en diminuant
Et l’autre, allant, en principe, en augmentant,
À moins qu’on face du sur-place faute de vent
Ou que l’on naviguerait à reculons
En sens inverse, sans s’apercevoir.
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Un sillage n’est pas un chemin, mais une trace, après son rapide passage,
Trace, plus ou moins forte, plus ou moins visible, et toujours éphémère !
Le vent, lui, ne laisse aucune trace même s’il soulève de grandes vagues.
Il est diffus, il est partout, change de sens et parfois même, tourbillonne,
Il diminue, disparait, meurt et soudain sous un grain ; en regain, adonne.
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Une traversée d’une ile à l’autre,
Est comme chapitre, que l’on clôt,
Pour en écrire aussitôt un nouveau,
Mer est un no man’s land entre deux
Qui interfère projections imaginaires,
Sur ce qu’on a vu, sur ce qu’on va voir.
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La mer garde ce pouvoir quasi magique
De nous faire prendre la bonne distance
Entre une résidence et une itinérance
On the road again, disent motards,
Sur la machine, plus rien n’existe
Profil de route, bruit moteur !
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Et quel que sera le bateau :
Voilier, vedette ou cargo,
Il laissera comme sillage,
Derrière lui, certain temps
Comme postcombustion avion
Même chose entre l’eau et l’air !
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Fragments
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Le sillage évoque des mouvements,
Laissant des traits non permanents !
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Des traces demeureraient durablement
Comme écriture sur un papier ou écran.
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Avec voilier, comme en bateau à moteur,
Le sillage dépend d’état de la mer, vitesse.
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Sans compter de la taille comme un cargo,
Remuant centaine mètres cube au bas mot.
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Voiliers qui déjaugent presque entièrement,
Ne laisseraient, derrière, de trace, visiblement.
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Le nôtre avance si lentement que même à fond,
Sa trace disparait sans créer de remous féconds
D’ailleurs la mer, de plus en plus agitée, au vent,
Enchaine des vagues hachées : sillage troublant.
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Si vrai qu’un gros bateau moteur à pleine vitesse
Produit un sillage évasé, comme l’avion de ligne,
Son effet n’est visible que sur court temps donné
Le nôtre ne produit que simple effet boomerang.
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«Être dans le sillage» de quelque chose, quelqu’un
Le premier est comparaison, second, métaphore,
Pour ma part je reste médusé, en le contemplant,
Comme une source d’inspiration d’un imaginaire.
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Graphiques : calligramme, forme et fond
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Calligramme
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Notre courte traversée
Sur notre voilier Ar-Kilé
Se devait être programmée
Comme promenade, de santé.
Il y a soixante milles nautiques,
De Fuerteventura à Gran-Canaria.
La traversée est annoncée idyllique,
Nous débutons, grande voile, au mat.
Elle nous a gâtés, et de tous les temps,
Qu’on peut, en pleine mer, rencontrer.
Elle nous fait nombre de mouvements, D
Souquer, toiler, virer, abattre ou lofer E
Un vrai stage d’équipiers, en accéléré, *
Et le vent changeant, souvent, d’allure, F
Il fallait changer, les voiles, d’amures, U
Contents d’être arrivés fin de journée. E
Avec des ennuis de pilote, régulateur. R
Il fallait tenir la barre, en connaisseur. T
Il y a de Fuerteventura à Gran-Canaria. E
À vol d’oiseau, un pas, un voilier, six pas. V
Le vent souffle ………… vers les huit nœuds E
Et ce dès notre sortie ….…….. devant le port N
Alors départ au moteur………. sera notre sort T
D’après notre météo : plutôt ……….. fâcheux ! U
Dès au-delà de la pointe .….. quatorze nœuds R
On hisse, de suite, les voiles, qui .… d’aisance A
Nous font avancer, encore, en petite cadence, *
En une mer calme, comme miroir… douteux. À
Mais, passé la pointe que déjà vingt nœuds : *
On prend un riz ensuite on réduit le génois. G
La mer grossit, elle est plus creuse parfois, R
Le temps deviendrait-il…plus hasardeux. A
Au large, l’on atteint vingt-six nœuds, N
Mais, pas de panique : l’on tient le cap, –
Que ça tangue … ça roule … ça dérape C
Nous sommes encore… tout heureux. A
À mi-parcours, un grain tempétueux, N
Second ris fait mouchoir pour génois A
Nous voici en une vraie purée de pois, R
Tiens donc bien la barre, malheureux I
Le vent fort, s’essouffle, en demi-ton, A
À ce point, il nous faut renvoyer toile,
Pour assurer notre programme voile
D’arriver pile à l’heure, au ponton.
Le vent revient juste avant arrivée
Moteur au port au ponton estimé
Avec près deux heures d’avance,
Bénissons, des vents, la chance.
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Forme
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Évocation
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Le dernier quartier de la Lune
Boomerang venu d’’Australie,
Marque de virage et de sillage
En mer, de voilier en croisière.
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Évocation
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Une traversée, en bateau, laissera
Un très long sillage derrière lui :
Il s’agit, ici, d’une vue en accéléré,
Avec onde de vague qui la creuse.
Sauf à pousser à fond un catamaran de course
Il est difficile de laisser une trace aussi visible,
Derrière soi sur la surface de mer même agitée,
Si la forme rappelle le fond, elle ne s’y substitue.
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Symbolique
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Une équipe française
Vient de remettre en cause
Une vieille théorie sur le sillage
Laissé par les bateaux à voile, moteur,
Montrant qu’il ressemble à l’onde de choc
Créée par avion, que l’on appelle supersonique
Lorsque ce dernier vient franchir son mur du son.
Les objets se déplaceraient à la surface d’un liquide
Comme les bateaux ou, comme les canards et tous créent
Un sillage de vagues, en formant comme une sorte de… »V ».
Modifié source : PARIS (AFP) Science et Avenir
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Fond
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Évocation
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Un boomerang prend aussi son sillage
Et touche tout sur son passage
Mais il reviendra à son point de départ
En accomplissant une boucle.
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Symbolique
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Symbole de l’Australie,
Boomerang traditionnel,
Est souvent finement, décoré,
Et il était utilisé, par aborigènes
Pour la chasse, aussi pour couper,
Retourner terre, faire feu par friction
Ou comme instrument de percussion.
La gravure sur bois est le pendant
Majeur de l’art aborigène.
letemps.ch/images/photos/
culture/leffet-boomerang
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Fond/forme
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C’est vrai, quoi, pourquoi le sillage s’élargit
Au fur et à mesure qu’on avance, s’éloigne,
Et ce quel que soit la vitesse, force, masse
De déplacement et voire de propulsion.
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Il est courant que vagues et tempêtes
Brouilleront les traces et les pistes
Donnant l’impression de ziz-zag.
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L’association d’une forme et d’une trajectoire
Pour fond : courbe évoquant un boomerang
Alors qu’il s’agirait, ici, d’un sillage d’un bateau,
Qui rime parfaitement avec vitesses et virages.
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En réalité, un voilier ne laissera pas cette trace
Or on pourrait projeter le fond sur telle forme
En faisant défiler toute croisière en accéléré.
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