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Textuels
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Textuel poème
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- Descendre est perçu comme moins noble que monter ! C’est pourtant aussi fatiguant et des fois même, davantage. Descendre fait penser à « tomber plus bas » jusqu’à en être dégradé : anaphore ou métaphore de notre bonne moralité. En fait, et dans la réalité, lors d’un trek, en montagne, l’on ne cesse de descendre, dans un versant, une vallée, avant de remonter jusqu’à l’autre col, voire l’autre pic. Mais le Teidé Canarien n’est pas la chaine des Alpes, l’Himalaya, il est seul, isolé : orphelin, volcanique. Il a voulu atteindre le ciel depuis la mer, comme dans le mythe de Sisyphe, et aurait roulé sa tête de travers. Une fois là-haut, air se fait plus rare, mais pas beauté du paysage : on se sent au sommet de sa forme en ile Canarienne, on échange ses impressions avec les autres, on y passerait la journée s’il ne fallait descendre avant la nuit. La montagne est plus facile à descendre qu’à monter : si ça prend moins de temps en réalité, c’est aussi fatiguant. Nous, pour avoir pratiqué les deux, à tout prendre, nous gardons une préférence pour la montée. Penchés vers l’avant, nous ne risquons pas de tomber, ni de rouler plus bas que terre. Les cailloux roulent lorsqu’on pose le pied dessus, il nous faut marcher prudemment, de côté, pour éviter de glisser, de se râper le fondement. Le panorama est différent quand on arrive en bas, forcément, mais à mi-parcours, les genoux moins déjà. On a croisé des gens en montant, on leur a dit : ce sera plus facile en descendant et l’on est à constater qu’il est plus difficile de marcher, penché vers l’arrière que vers l’avant. Dans les deux cas on finit sur les rotules. Nous, en descendant, ampoules, pieds en sang, on continue parce qu’il a le village, la voiture en bas, on n’a plus le choix avant que la nuit tombe au risque de se perdre et de marcher à perdre haleine, déclencher les secours, se bâtir un roman. Un défi reste toujours un défi, que ce soit vers le bas ou vers le haut. En descendant, au moins, nous n’aurons pas à craindre la météo. C’est ainsi que se finissent des randonnées en boucles, avec des montées : la délivrance quand on parvient en haut ; la souffrance quand on revient en bas ! Il vaut mieux le savoir avant de se lancer et apprécier ses forces et sa volonté sinon l’on risque de se trouver en grande galère ou en grand branle-bas.
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Textuels extensions
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- L’on se réjouit d’être parvenu au sommet en dépit d’efforts consentis et l’on se dit que la descente sera bien plus rapide, presque reposante. En théorie, c’est vrai, pour une courte distance : sur plusieurs heures, avec la fatigue musculaire, et la perte d’énergie mentale, accumulées, la hâte et difficulté de revenir en bas, au point de départ, démoralise quand on attrape mal aux genoux, et à d’autres articulations, qu’on n’a pas assez à boire, à manger, qu’on n’en voit pas le bout ; qu’en plus, la nuit va tomber, on ne verra plus, on craint l’entorse, accélérant le pas, et on y arrive quand même. La descente propose, mais que dis-je là, impose un paysage différent de celui de la montée. Ce n’est pas tant l’environnement qui change que notre point de vue, sur lui, lors le surplombant. Nous avons bien affaire à quelque chose de connu et en même temps de nouveau et voire de surprenant : un chemin en retour, marche arrière, nous a fait cet effet déjà. On pense qu’à la fin de la montée, le plus dur est fait : y a plus qu’à descendre en se laissant aller. Nos genoux ne seront pas de cet avis-là, ils plient mal sous notre poids l’organisme ploie et notre fatigue, accroit.
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Textuel fragments
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- Diable, diabolo, finit diablement contrastée, telle une descente par rapport à la montée : il ne s’agit plus de mettre un pied plus haut mais bien de ne pas le fouler, voire chuter ! Nombre de descentes ont cette particularité de faire mal aux genoux, aux dos, plus qu’aux pieds, du fait que la jambe freine brusquement, tasse, contraint aussi colonne. Montée, descente, en sentiers de montagnes, n’ont rien à voir avec escaliers : ici le sol est en dénivelés inconstants t le rythme n’est pas donné, il faut créer le nôtre, le réguler. Un diabolo donne une impression inversée : la descente n’est qu’une montée à l’envers : c’est la même montagne et le même univers, sauf qu’en descente, c’est plus risqué ! La fatigue de la descente se faisant ressentir, on n’aura plus la même vitesse de réactivité : son sac à dos se met à bouger, à peser de tout son poids, on n’a plus qu’une hâte : arriver le plus vite en bas !
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Illustrations
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Visuels
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Une petite cabane qui sert parfois de refuge,
avant d’atteindre le sommet du mont Teide.
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nous entamons la descente du Teide, traversons
énorme espace couvert de cailloux volcaniques,
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mais qui nous gratifie ensuite, plus loin, plus bas
durant long moment du paysage coloré de rose,
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nous distinguerons, au milieu, en s’approchant
un haut rocher isolé, comme montant la garde.
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Scénario
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Fiction
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Textuels symboliques
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Diabolo
- Symbolique de forme : Les diabolos semblent s’être multipliés en s’empilant et avec leurs variations de couleurs, ils font l’effet d’un tableau. Le plus merveilleux est qu’on pourra le faire sauter d’une corde à l’autre ; le plus logique, rouler sur la corde ; le plus absurde, le faire tomber bêtement.
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Montagne
- Symbolique de fond : Dominant le Monde des hommes et s’élevant jusqu’au ciel, la montagne symbolisera pour tous … la transcendance. La montagne est, plus précisément, le point de rencontre entre le Ciel et la Terre. Elle symbolise, de ce fait, le centre du monde, apparaissant comme telle, dans les traditions. C’est la demeure des dieux et le terme de toute ascension humaine. Modifié source : Grands rêves
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Corrélations >Rando, nature, aventuriers, soi-même, bonheur
- Liens fond/forme : On a beaucoup écrit, on a beaucoup de récits sur les randonnées en montagne, en circuits, parfois de plusieurs jours, comme une traversée. En réalité, il s’agit souvent d’un triple rendez-vous : avec la nature, pour sûr, et avec ses co-aventuriers, mais, autant, sinon voire bien plus, avec soi-même ! Cette idée de transcendance plane sur toute hauteur, nous procure, pour y parvenir, quelques frayeurs mais au bout du compte, immense, unique, bonheur. Deux formes inversées, semblant équivalentes, comme deux montagnes ou comme un diabolo, et qui ne les seront pas en forme de randonnées : deux heures de montée font une heure de descente, avec nombre de mixtes de faux-plats puis de pentes et qui vous tordront les chevilles, genoux, dos, pieds, dans un face à face avec vous-même, lors très fatigué. Mais cela ne rime à rien de se presser : sommes entrainés vers le bas, un pied retiendra l’autre et ainsi de suite, à recommencer !
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