835 – Je recherche le chemin du temps perdu !

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Visuels scénario

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835 1

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Choisir le chemin visible et long,

qui se perd  en haute montagne,

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835 2

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ou choisir le chemin indistinct

qui se perd en flou long couloir,

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835 3

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ou choisir le chemin imaginaire

qui se perd en un rêve nocturne.

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Textuel calligramme

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  • Tout temps perdu, comme chacun sait et comme dit la chanson, ne se rattrape guère, ne se rattrape plus. Et je suis d’accord là-dessus mais on en fait quoi ! S’il est toujours devant, n’est plus jamais derrière, tout ce que l’on a fait avant, ne peut se rattraper, se corriger : il faut faire les choses différemment ! Et pourtant, on dit que le temps perdu servira des fois à se retrouver : voilà bien une contradiction d’un esprit en déréliction. Le temps, comme chacun sait, est linéaire, mais son interprétation reste le plus souvent arbitraire. Tenter, de le presser ou de le retenir : il n’y a rien à faire ! Il vous laisse puis vous délaisse, comme un vrai-faux frère. Le mien compte plus pour moi  mais le vôtre, davantage pour vous ! Le temps, dit égalitaire, est une histoire de fous. Il nous fait naitre, apparaitre et connaitre, avant de nous mettre en terre, nous est donné, compté, chacun à sa manière. Il nous est aussi conté, lors de notre voyage extraordinaire dans le monde du vivant où chacun se complait, par milliers, millions, milliards, à accomplir son destin. A certains, il leur plait de remplir leur temps de joies ou de misères. Je ne suis que mortel, autant dire poussière, alors que je passe mon temps à faire le fier, sans savoir si, à la fin, l’on dira, de ma vie, que, bon gré, mal gré, elle demeure plutôt bien réussie. Moi, je n’ai réussi à remplir que le vide d’amour qui absorbe mon temps, jour après jour. Il est le même pour moi et différent pour les autres : mes parents, mes enfants, avant de disparaître, oublié, pour toujours. En perdant mon temps, j’aurai au moins appris que, temps personnel et collectif, ne vont pas souvent de pair et qu’il faut bien négocier tous leurs compromis, pour que son âme, à tous vents, à tous venants, ne se disperse pas.

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Textuel extension

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  • Je veille au grain, car, tant qu’à perdre mon temps autant que ce soit pour me retrouver content d’avoir dépensé le reste de ma joie de vivre à rechercher le temps perdu qui m’en délivre, sans regrets, sans remords, sans peines. M’en délivre de l’avoir perdu à tenter de le gagner ou bien d’avoir perdu mon âme au lieu de la sauver ! Question subsidiaire : me reste-t-il assez de temps, tout bien compté, pour me retrouver, me récupérer, me réinventer !  Le chemin, la route, la voie, le tracé, le parcours et que sais-je encore sont parmi les images les plus utilisées comme analogies, métaphores. Temps perdu ne se rattrape plus ; chemin perdu ne se retrouve plus ! Le premier fait référence au calendrier et le second,  aux souvenirs. Parfois les deux se confondent, à en devenir très  fantomatiques. Alors les gens vous disent qu’ils ne savent plus où ils habitent. Chemins sont  murs en labyrinthe et temps, des absences. J’ai du temps, dira le lièvre, pas moi, dira la tortue, et voilà que je me stresse  car le temps presse !  À la recherche du temps perdu : phrase incongrue ! Temps perdu ne se rattrape guère, ne se rattrape plus. Le passé n’a pas de présent et encore moins d’avenir et pourtant il interfère avec par ombre souvenirs. Nombre de choix présents, sont dictés par le passé, et le temps intervient dans nombre de mes décisions. Il faut accepter de perdre du temps pour en gagner : rien de durable ne se ferait dans la précipitation ! Si chemins sont multiples, le temps, lui, est unique, on peut prendre du temps sans trouver le bon chemin, un peu comme si l’on venait de rater le dernier train : c’est la hantise de nombre de gens, que rater leur vie.

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Textuel épilogue

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  • Je vais vous donner deux exemples qui m’ont affecté dans ma vie,  j’ai perdu du temps en ma jeunesse, en ratant deux fois mon bac mais ce temps m’a permis de murir, de m’orienter, puis de foncer : en somme il m’aura fallu perdre du temps pour en gagner ensuite. Autre exemple, celui que je vis en ce moment, précédent, suivant : ce site dans lequel je poste mes écrits m’aura déjà pris quinze ans : tous les ans, l’on me dit que je ne le finirai jamais, or il existe déjà.  Assez parlé de moi, faut penser aussi aux autres, pensons à Proust, il serait resté allongé dans son lit, par suite d’une santé misérable, pourtant il a produit une œuvre universelle des plus considérables. Le temps perdu, au sens physique, calendaire, ne se rattrapera pas mais le temps de l’esprit, de la pensée, la mémoire, se retrouvera, à la fois fidèle, modifié, enrichi de nouvelles expériences passées.  «En ce temps-là » ou «il était une fois», ou «c’était mieux avant» nous ramène à une époque des contes du passé ou à la nostalgie tant vrai que naitre en un lieu et une époque changera la donne. Par ailleurs la représentation du temps de vie est très élastique,  Moyen-âge, pas si longtemps, elle ne dépassait… cinquante ans, aujourd’hui, tout le monde, vise, espère, atteindre, les cent ans.

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Textuels symboliques 

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Chemin poétique

  • Symbolique de forme : Le chemin poétique est très court, il part de la conscience de l’être pour traverser l’univers, en faire le tour, et revenir, en une fraction de seconde, en un seul saut, une seule idée, un seul mot. Alain Lesimple  dans « Son chemin du temps ». C’est aussi un raccourci de la pensée, un concentré du temps, un détour par l’imaginaire, un exutoire contre la fuite inexorable du temps qui passe dans son chemin de vérité, sa route vers son authenticité. Modifié, source : Alain Lesimple

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Temps Perdu

  • Symbolique de fond : Enveloppé dans une couverture, allongé dans son lit, dans sa chambre, totalement isolée, insonorisée par des murs recouverts  de liège, et gardant ses volets clos, Marcel Proust écrit À la Recherche du Temps Perdu. Pour bien comprendre sa vie d’infirme et sa créativité, il sera nécessaire de suivre une trajectoire de mémoire, le deuil, et le récit, faire des allers-retours dans le temps à travers de nombreux chemins divergents, convergents. En raison de la taille et de la portée de l’opus magnum de Proust, il est impossible d’étudier un seul thème tant le roman est complexe et dense. Le travail présente nombreuses facettes métaphores, similis, images kaléidoscopiques.   cairn.info/revue-topique-2015-1-page-39

 

Corrélations > tracé en zigzag, avec rimes et rythmes

  • Liens fond/forme : Chemin en lacet ou en zigzag et fuite du temps, se correspondent bien pour discourir à l’infini. Ce qui, loin s’en faut, n’est pas le fait de poésie qui ne prend que les chemins de raccourcis. L’imaginaire est là pour sauter des étapes, le temps perdu en poésie n’existerait pas Et puis le temps lui-même est compressé ! Chemin du temps perdu est tracé en zigzag, sinon il serait tout droit,  comme il se doit, n’empêche pas d’y mettre des rimes et des rythmes à se suivre, ou alternées, ou entrecroisées et en plus, la forme correspond au fond puisqu’il propose trois voies en zigzag vers un but qu’il n’atteindra jamais.

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