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Visuel scénario
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De nombreuses lévadas seront
des plus escarpées, à Madère :
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il arrivera de pratiquer un passage
des plus difficiles le long d’un ravin
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tant et si bien qu’en glissant, ravin
est rendu vraiment très, très, près !
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Textuel calligramme
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- Glissades, dérapages, bascules, vous tombez vers le bas, comme incrédules, sans pouvoir vous accrochez à quoi que ce soit : roche, arbuste, corde, filin, en stop, par devers soi. Il faut l’avoir vécu pour connaitre un tel effroi qui vous rend vos tripes, votre cœur, en froid. Votre vie dépend de réflexe de survie qui vous retient à une aspérité. Le risque est de frapper sa tête sur une pierre et se retrouver en bas, les quatre fers, membres, en l’air ! Que d’émotions, après-coup, en regardant le vide auquel vous avez échappé, à en demeurer livide. Trois heures de suite, vous en tremblez encore. La pancarte « danger » n’était pas à tort ! Marchant le long d’une lévada de Madère, la plus ancienne, la plus sauvage, la plus dangereuse, il vaut mieux avoir le pied sûr et la vue claire pour éviter de se trouver en position scabreuse. Il y a parfois dix, parfois cent, trois cents mètres de dénivelé sur un à-pic, au bord de la lévada ! Sujet au vertige ne peut, tremblant ou pas, franchir ces passages, sans étourdissements. Les glissades et accidents sont rares mais mortels. Rares sont ceux qui s’engagent face à un tel danger. Il en existe, qui en sont rescapés, avec un peu de chance, avec un destin nickel. Le sort en est jeté, l’équipière, ça lui est arrivé, en fin d’un passage d’éboulis, elle a dévissé, et sur le dos, sur une pente raide, elle a glissé : il me fallait faire quelque chose avant… l’éternité ! Mon reflexe plongeant, pour être au-dessous d’elle, me fait l’effet d’un saut dans le vide, scabreux. Restait pour moi une poignée de secondes pour la possibilité d’un sauvetage réel et tant pis si l’on tombe tous les deux jusqu’au fond ! Quant à la suite, si on est là pour la raconter, c’est qu’on en a réchappé, cette fois encore, grâce à un tronc d’arbre, fin, il est vrai, mais assez allongé pour nous retenir en faisant barrière aux corps. Nous remontons par nos propres moyens. A posteriori, l’émotion, soudain, nous revient par soubresauts de nos corps, rendus sereins. Pour peu, c’était fini : adieu lendemain
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Textuel extension
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- A quoi tient la vie ! A peu de choses : à un peu de prudence, à un peu de chance, à aucune évidence. Quand certains passent à côté de leur vie, d’autres passent à côté de leur mort. Dans les deux cas, ce sont leçons de relativité. Je dois vous avouez une chose essentielle en ce qui me concerne, je ne serais pas là pour vous le raconter, si ça s’était mal terminé ! Mais qu’importe, ce qui compte après tout, c’est la vie de l’équipière, sachant qu’il s’agit de ma femme, lors que serais-je devenu sans elle, autant finir tous les deux en même temps, même ravin, même destin ! Le temps de réfléchir «j’y vais ou j’y vais pas», il aurait été déjà trop tard. C’est donc sur la foi du réflexe de survie, que tous les risques ont été pris. C’est l’instant où tout bascule : l’on y survivra tous les deux ou on meurt, l’on peut donner sa vie pour ceux qu’on aime, pour un instant d’éternité ! Je ne raconte pas ma vie à tout le monde, même si ce recueil paraitra un peu le faire mais je me souviens et même relate, parfois, des situations scabreuses où j’aurais pu la perdre. Il suffit d’un bref instant d’inattention, de déséquilibre, et tout bascule jusqu’à atteindre un fond dramatique. il y avait, à l’entrée, un panneau : «lévada non conseillée» mais nous n’en avons pas tenu compte, et l’on aurait dû. ’expérience nous a servi de leçon, faut pas tenter le diable, dieu sait qu’il a plus d’un tour, une chute, dans en sa poche. Y a nombre situations critiques où l’erreur ne pardonne pas : jusqu’ici je m’en suis tiré, ma femme aussi puisque nous voilà !
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Textuel épilogue
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- Qu’importe que ce soit un petit ou grand saut, la mort n’exigerait pas de sauter de très haut. Qu’importe que ce soit elle ou moi en premier, c’est le couple qui se disloquera et tout entier. Qu’importe si je la sauve ou bien si c’est elle : c’est l’intention qui compte et qui interpelle. Qu’importe, au final, la vie ou mort, le couple est mis à l’épreuve vérité qui ne trompe pas ! On frôle la mort, d’une façon ou d’une autre, plusieurs fois dans sa vie, mais en réchappe, il suffit de si peu de chose, une inattention : l’irréparable se produit, et des plus fortuits. Des sauveurs de vie, il y en a et dieu merci, ça peut être pur inconnu, voisin, médecin : et pour autant faut-il croire que c’est écrit ce n’est pas le jour, l’heure, le lieu, choisis. Rien ne sert, a postériori, de s’émotionner, la seule chose à faire sera de vite liquider l’épisode qui aurait pu avoir fin tragique : passer à autre chose, la vie continue ainsi.
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Textuels symboliques
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Tonneau
- Symbolique de forme : Le symbolisme du tonneau se rattache à celui de jarre, du puits, vase d’abondance, ainsi qu’à celui du contenu, du vin qu’il contient. Il évoque souvent une idée de richesse et de joie. Et les Danaïdes, qu’une légende tardive voit aux Enfers, versant indéfiniment de l’eau dans des tonneaux, sans fond, étaient en réalité des nymphes des sources. Modifié, source : europia.free.fr
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Roulade
- Symbolique de fond : « Peu importe la situation, les choses évoluent avec le temps ». Cette expression remonte à la mythologie romaine. La déesse du hasard, Fortuna, décidait du destin des hommes avec sa roue qu’elle faisait tourner selon ses humeurs. Devenue symbole du destin, roulade entraînait la chance ou malchance en vie des gens. linternaute/expression/francaise/la-roue-tourne
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Corrélations > Roulade, tourne, tombe, pétrin, chemin, chagrin
- Liens fond/forme : Ce n’est pas la roue qui tourne, roulant en un ravin ni un tonneau qui résonne tombant dans le pétrin, c’est juste la vie de quelqu’un auparavant humain, auquel on était attaché, hier, aujourd’hui, demain. Il aura suffi d’un rien, d’une pierre et sans avertir, pour qu’une jeune femme entrevoit soudain sa fin. Dieu merci, un bon samaritain s’est lancé sans pâtir pour lui barrer la route, lui couper son chemin, sinon ce n’est pas un mais deux, à pleurer : chagrin ! Un tonneau c’est beau, mais quand ça roule en une pente puis ravin, rien ne l’arrêtera. Il tombera jusqu’au plus bas avec fracas. Parler de lui, plus personne ne l’entendra. Ce qu’il en coûte de se mettre en boule, y compris pour un humain : femme rime avec mort soudaine, touchant le fond et son âme, au tréfonds.
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