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Textuels : poème, extensions, fragments
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Textuel poème
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- Je suis resté quatre jours, sans autres agitations que les bruits du vent, de la pluie et la mer qui vous roulent, vous bercent, vous saoulent : oiseaux planants, leurres taquinant. Les poissons ne crient pas. Les cargos sont discrets, arrivent vite sur nous, et, très vite, nous effraient. On les tient à bonne distance, mais c’est, parfois, par chance, qu’ils nous évitent d’évidence, due à leur simple ignorance ! Un grand calme a succédé au vent, d’avant, irrégulier, du simple au double variant, quand hors d’alizés soufflant. Nous utiliserons notre moteur avec prudence et parcimonie, son hélice est en délicatesse, toute prête à tomber, ici. Mais il nous faut bien malgré tout, recharger nos batteries : pétole molle comme on dit chez nous, au bout d’un temps, l’on consent à faire tourner l’hélice pour ne pas reculer, déjà, faire du surplace est un vrai supplice pour nous : cela fait travailler les voiles par une série d’à-coups. Dieu merci, il fait beau ces quatre jours, mis à part quelques grains qui font des risées à se mouiller, et les repas sont bien mitonnés, et fort goutés, moitié poisson, moitié viande, bien alterné ; les légumes variés sont de vrais délices, à se croire en restaurants toqués ! Il ne reste que deux jours de mer, météos changeantes à souhait avant de retrouver la terre avec ses agitations, ses bruits par milliers. L’on comprend que certains préfèrent retourner en pleine mer que de subir ce supplice qui les indiffère.
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Textuel extensions
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- Quatre jours, c’est le temps qu’il faut pour s’évader de tout ce qui se passe sur le continent et se vider la tête, complétement. Les trois premiers pour bien s’amariner et le corps et l’esprit, le quatrième pour mesure la dimension presque infini du nouvel espace qui se prolonge et qui recule d’autant avec l’horizon. Il arrive qu’on ait du calme plat tout le temps, de la tempête ou une variété de météo locales. Le fait de savoir où l’on est et où l’on va, quand on arrivera garde de l’importance au départ et en perd progressivement. C’est presque à regret et de manière paradoxale qu’en débarquant au port l’on a déjà envie de repartir dès le lendemain ou quelques jours plus tard. Sans doute que la magie de l’océan s’est imprimée en nous et lance son appel pour de nouvelles croisières, découvertes, aventures qu’on en vit pas sur terre, accessibles seulement en pleine mer. Quatre jours en mer, quatre états de la mer, quatre voilures différentes, fonction du vent, pour respirer l’air marin et son atmosphère : voilà qui vous requinque un homme, d’avant et le transforme en un aventurier conquérant jouant, avec son spi, comme un grand enfant ! Le voilier file sur sa trace et façonne son écume. En regardant ma tête de mât : je vois le ciel bleu, comme un monde sans souci, comme ma fortune. Quatre jours et quatre nuits sur notre voilier, l’impression d’y avoir séjourné une semaine : pas un seul jour ennuyeux, répétitif, rengaine, avec des vents calmes ou des plus fous à lier ! Mais occupés à quoi, on se le demande : à rien et à tout, à naviguer, manger, dormir, bricoler, sans parler lire écrire, écouter chansons, rêver, bon programme : pas de mal à se faire du bien. Le meilleur restera bien sur le plaisir de la voile. Pour garder le cap et la vitesse, faut réguler dur, tantôt la grand-voile étarquée avec toute sa toile puis avec un ris, génois raccourci, ou au spi pur.
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Textuel fragments
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- Deux jours sous génois et grand-voile, intercalé par deux jours sous bon spi, voilier bien à plat, vent arrière, travers : plaisir à l’état pur, tout proche du rêve. Pour les repas, sans fin, qui se succèdent, on utilise un pilon, pour réduire les amandes en poudre si ce n’est un autre ingrédient pour la cuisine, tels que des épices, des herbes aromatiques. On utilise, le soir, à la veillée, une lampe à pétrole pour économiser l’électricité, fragilité hélice, les conversations, les pensées deviennent drôles, commençant en olympes, finissant aux abysses. Il y a de l’eau, c’est sûr, quelques agitations ventées, mais juste assez en vue de tester notre résistance au mal de mer : trois jours suffiront pour s’amariner, sinon c’est nous qui serions dans un marteau-pilon.
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Illustrations : visuels, scénario et fiction
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Visuels
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Quel plaisir d’utiliser le spi et cela
pendant de longues heures,
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de prendre de la vitesse en restant stable,
limite déjaugeage,
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et de regarder la tête de mat, et sa flèche
et ses voiles tendues,
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et de filer jusqu’à dix nœuds sur une mer
immense, bleue, calme, plate.
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Textuels symboliques
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Lampe
- Symbolique de forme : La lampe à pétrole représente un point de lumière dans l’obscurité. Par analogie, elle symbolise l’entendement dans la confusion mentale, ou encore la révélation d’un savoir enfoui ou caché et l’expression : « Éclairer sa lanterne« , qui signifie clarifier quelque chose, exprime la notion de savoir dévoilé. Source : 1001 symboles
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Pilon
Symbolique de fond : Le pilon est un ustensile qu’on associe au mortier.
- Un symbole masculin. Pilon, mortier, symbolise le coït. En effet, le mortier est associé à la féminité et il symbolisera l’utérus, tandis que le pilon évoque le sexe masculin en plein mouvement. Ainsi la friction qu’il produit dans le mortier symbolise tout un feu jaillissant à l’intérieur et qui produira la semence de la vie. 1001symboles.net/symbole/sens-de-pilon.
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Amarinage >
- Liens fond/forme : Faut compter deux à trois jours pour, complétement, s’amariner, c’est-à-dire, s’habituer à l’environnement marin et à la mer. Cela établi, tous les jours suivants, le nouvel équilibre sera instantané. On se sent aussi à l’aise qu’à terre si ce n’est pas le contraire. Quand on pose le pied sur un ponton, il nous arrive de chercher l’équilibre.
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