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Originaux : poème, extensions, fragments
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Poème
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Une belle lettre de rupture,
Peut contenir trois mots,
Du genre : je te quitte
Pour faire au plus vite
Ou cent si je suis dispo
Voire mille si je m’étale.
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Je peux la bruler
Suite renoncement,
Comme peux l’adresser
Au mauvais appartement.
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Pour finir je peux la publier
Sur le réseau d’amis, privés
À charge, pour eux, de révéler
Qu’elle est la dernière informée.
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Je peux aussi, lui téléphoner pour
Lui demander de nous rencontrer,
Afin de signifier et de vive voix :
Notre aventure est bien terminée.
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Lettre adressée à l’être, accroché
Peut autant le libérer que le tuer
Chaque mot compte, sera pesé,
À l’aune franchise, sincérité.
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Ma lettre de rupture
Jetée au feu, brûle :
J’ai regardé, hagard,
Se consumer mon amour !
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Elle est partie en fumée, en l’âtre,
Du salon de ma grande et belle cheminée.
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Ce n’était que brouillon avant de mettre au propre,
Ou au figuré sinon à la figure de celui qui m’aura trompé,
Non pas par le sexe mais bien plus par le sentiment premier.
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Ce qui était écrit tient en peu de mots car à quoi bon s’étaler
Lors rideau de la pièce vient de tomber pour la dernière
Tant par correspondance je l’ai vu, lui aussi, brûler.
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Correspondance confiée bien après, au postier,
À la donner en mains propres avec récépissé
Destinataire chez nouvelle partenaire.
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Elle m’est revenue avec cette mention :
« N’habite pas, ou plus, à cette adresse »
Fallait s’attendre à ce gage de tendresse
Soufflé, je présume, par duplice maitresse.
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Je n’ai plus qu’à la poster sur le réseau Facebook
Afin que cette nouvelle fasse le buzz dans le quartier,
Et que je me sente obligé de la rectifier ou la confirmer.
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Mais non, finalement … sagement, j’attendrai son retour,
Nous aurons une discussion, face à face, sur notre amour
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Extensions
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Toute affaire de couple
N’est que l’affaire de ce dernier.
Personne d’autre ne peut s’immiscer
En draps lit conjugal pour compter les coups,
Voir qui fait du bien ou du mal, comment cela
Peut évoluer dans le temps et les événements.
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Combien se précipitent, premier dérapage,
Voire soupçon, pour finir par comprendre
Qu’il y a eu maldonne ou confusion mais
Dont son rétropédalage ne marchera
Pas dans toutes les conditions.
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Voilà, j’en ai fini avec la lettre,
Écrivez-moi la vôtre, postez-la,
Je la ferai bruler en un grand feu
Et alors, un grand émoi, me saisira
À l’idée que votre braise m’enflammera.
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Jeter une lettre de rupture comme brouillon en une poubelle
Ou la brûler rageusement dans le feu pour faire tout disparaître
Dans le premier geste, on pourra vite se ressaisir puis la modifier
Dans le second c’est comme une bêtise qu’on regrette, qu’on annule
Ce qui brûle, n’est pas que le papier, l’encre, le contenu : l’intention,
La décision, l’action même de mettre fin à un amour auquel on tient.
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Une lettre de rupture amoureuse
Peut être soit courte, soit longue,
Mais doit aller droit à l’essentiel,
Et claire pour éviter ambiguïtés !
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C’est loin d’être un exercice facile
Si on veut rester en bonne entente,
Moindre froissement amour propre,
Et c’est l’oubli définitif, mort, enterré.
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C’est pourquoi, un brouillon et relecture
Après nuit de sommeil avant de l’envoyer
Est plus que conseillée, est recommandée :
Arrive que, le lendemain, le contenu change.
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Il m’est arrivé d’en écrire mais ce n’est qu’en
Troisième réécriture que j’ai trouvé mes mots
Qui convenaient en vue d’adoucir la rupture
Et la suite m’a donné raison, lors amitié.
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Fragments
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Abandon
Différence : j’abandonne, je m’abandonne.
J’abandonne : je renonce, j’abdique, je délaisse.
Je quitte un lieu, je déserte le domicile conjugal,
Je négocie mes exigences, je fais des concessions.
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Je m’abandonne : je me laisse aller, je lâche prise,
Je me détends, je me renverse dans mon fauteuil,
Je m’épanche en toute confiance avec quelqu’un.
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Je me résigne, je cède, capitule, démissionne,
Autant de verbes et d’actions qui résonnent
Comme une expérience passée, d’enfance.
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Ça dépend de quoi, qui, où, comment :
Ça me rend très triste ou très joyeux,
Sentiment complexe car ambivalent
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« Je suis incapable de rester seul(e), je
deviens angoissé(e) par un sentiment
d’abandon, l’idée qu’autre puisse me laisser
m’est insupportable, c’est pourquoi je ne veux
pas m’attacher, m’engager, dans une relation
amoureuse. » Au moment des vacances d’été,
des personnes ou des familles abandonnent
lâchement leur animal domestique au bord
d’une autoroute : trop encombrant, trop
embêtant, ils l’attachent dans une aire de
repos, l’oublient en partant même parfois c’est
la grand-mère ! Un sentiment d’abandon est
structurel ou conjoncturel : structurel si la
peur du gouffre qu’il suscite ou hantise de la
dépression font que celui qui a cette
expérience ancrée en lui fuit la tristesse qu’il
suscite. Conjoncturel en un moment de
solitude, un rejet par un être aimé, une
évocation par un livre, film, air, réveillant
angoisse existentielle.
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Aba… aban… abandon,
Tu me quittes mais pardon,
De te dire, je ne supporterai pas
Que tu me laisses tomber comme ça
Comme ton animal, en rase campagne,
Alors que tu avais juré… que tu m’aimais !
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Je me suis totalement abandonnée à tes pieds
Je serais même devenue ta meilleure compagne.
Ne me quittes pas sinon c’est moi qui me quitterai.
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J’ai conscience je n’aurais plus confiance en personne
Je te garderai une défiance même si tu me re-sonnes.
Aba… Aba… abandon : si tu t’en vas, alors je te hais !
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Graphiques : calligramme, forme et fond
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Calligramme
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Une belle lettre de rupture,
Peut contenir… trois mots,
Du genre : L Je te quitte
Pour faire E au plus vite
Ou cent si T je suis dispo
Ou mille si T je m’étale.
Je peux la R bruler
Suite renon E cement,
Comme peux * l’adresser
Au mauvais D appartement.
Pour finir je E peux la publier
Sur le réseau * d’amis, privés
À charge, pour R eux, de révéler
Qu’elle est la der U nière informée.
Je peux aussi, lui P téléphoner pour
Lui demander de T nous rencontrer,
Afin de signifier U et, de vive voix :
Notre aventure R s’est terminée
Lettre adressée E à l’être, accroché
Peut autant le * libérer que le tuer
Chaque mot com J pte, sera pesé,
À l’aune franc E hise, sincérité.
T
Ma lettre É de rupture
Jetée au E feu, brûle :
J’ai regardé * en hagard,
Se consumer À un amour
U
Elle est partie en fumée, en l’âtre,
Du salon de ma grande et belle cheminée.
Ce n’était que brouillon * avant de mettre au propre,
Ou au figuré sinon à la figure F de celui qui m’aura trompé,
Non pas par le sexe mais bien E plus par le sentiment premier.
Ce qui était écrit tient en peu U de mots car à quoi bon s’étaler
Lors rideau de la pièce vient * de tomber pour la dernière
Tant par correspondance B je l’ai vu, lui aussi, brûler.
Correspondance confiée R bien après, au postier,
À la donner en mains Û propres avec récépissé
Destinataire chez L nouvelle partenaire.
Elle m’est revenue E avec cette mention :
« N’habite pas, ou plus, à cette adresse »
Fallait s’attendre à ce gage de tendresse
Soufflé je présume par duplice maitresse.
.
Je n’ai plus qu’à la poster sur le réseau Facebook
Afin que cette nouvelle fasse le buzz dans le quartier,
Et que je me sente obligé de la rectifier ou la confirmer.
Mais non, finalement … sagement, j’attendrai son retour.
Nous aurons une discussion, face à face, sur notre amour.
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Forme
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Évocation
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Deux formes superposées
Et dont le tout ressemble
À une lampe allumée
À bien la regarder !
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Cette même lampe peut servir,
À lire une lettre d’amour,
Tout autant que de la brûler puis
À la regarder se consumer.
Une lampe pour regarder le contenu
D’une lettre, bien écrite, à la main ,
Il n’en faut pas plus pour évoquer
Une forme qui approche le fond.
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Symbolique
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La lampe,
Qu’elle soit électrique,
À huile ou à pétrole,
Représente toujours une
Lumière intérieure,
Une énergie,
Des capacités,
Des talents que
Nous maîtrisons.
C’est l’homme qui maîtrise
La lumière avec un certain pouvoir
D’allumer et d’éteindre, elle est le symbole
De la connaissance : on apprend, de jour
En jour, à mieux se connaître, on évolue
Grâce à ces informations et ces savoirs.
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Fond
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Évocation
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Cette même lampe peut servir,
À lire une lettre d’amour,
Tout autant que de la brûler puis
À la regarder se consumer.
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Symbolique
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Le regard est chargé
De toutes passions de l’âme
Et doté d’un pouvoir magique
Qui lui confère terrible efficacité.
Instrument des ordres intérieurs :
Il tue, il fascine il foudroie, séduit
Ce d’autant qu’il exprime la vie.
Métamorphoses d’un regard
Ne révèlent pas seulement celui
Qui regarde mais aussi celui
Qui est regardé/regardant.
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Fond/forme
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On peut lire une lettre à la lumière
D’une belle lampe à pétrole, allumée,
La bruler au feu de cette même lampe
Ce sont des usages contraires d’un feu
À savoir briller puis se consumer !
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L’amour éclaire aussi, et autant,
S’il ne se limite pas qu’au pieu.
Lettre que l’on brule sera l’acte
De destruction, renoncement
Avec un point de non-retour,
Bien loin du parfait amour !