16 – Alcoutim et Sanlúcar : milieu du Guadiana

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Visuels scénario

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La vue du village espagnol de San Lucar, illuminé, le soir,

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et sa vue, du côté terre, de jour, tout blanc, avec des fleurs

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et en face, la vue du village portugais d’Alcoutim, sans pont.

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Textuel calligramme 

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  •  Alcoutim et Sanlucar nous partageaient : villages, étrangers, chacun de son côté, sa rive, sa province, son pays enchanté. Avant toutes choses, pour y arriver en bateau, il faut le désirer, le mériter, le Rio Guadiana, seul, les sépare : vingt milles des côtes à remonter. Pour finir, nous trouverons deux villages, langues, couleurs et pays étrangers qui se font face et qui se font front, sans pont, mais non sans liens d’amitié. L’un et l’autre font leurs fêtes de leur côté, parfois en chœur, tant la lumière de l’un, au levant, répond à celle de l’autre au couchant. Ces lumières, à nulles autres pareilles, resteront longtemps dans notre cœur, ressemblant à des perles qui brillent entre mer, collines, verdure et gens. La mer coule en flot montant en marée, jusqu’à leurs pieds. Le village espagnol de Sanlucar est tout blanc, concentré sur lui-même, adossé à la colline, par son église, dominé de son parvis. On aperçoit ses toits de tuiles rouges ocrées, ses ruelles pavées descendant en lacets vers son rio sacré. Village authentique et bien préservé, avec un fort et deux moulins perchés, tous ses habitants s’y sont fréquentés ; beaucoup y sont nés ; certains, mariés. Nous y avons vu une messe, célébrée ; sa procession, traverser le Rio sacré. Le village portugais d’Alcoutim est plus coloré, plus étalé. Ses maisons ont des formes et dispositions différenciées.  Sa terrasse, le long de son rio, se fond en espace, autant. Sa place du village concentre ses commerces en des rangs. En bas, son église près des bateaux, en haut,  ses remparts, son château, à l’intérieur, son musée de pierres. Alcoutim allonge ses coteaux verts, sa plage,  le long d’un rio adjacent, occupé par ilot marais verdoyant.

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Textuels extensions

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  •  La procession se rend à son église pour une bénédiction des deux curés. Cette tradition honore ces deux cités au-delà de toute frontière. Quand nous sommes revenus le long du rio : plus de bateau. Panique ! On le voit soudain dérivant sur son ancre vers l’autre rive, espagnole…vite au canot ! Lors chaine, sur point  d’ancrer, nous avons persisté à tergiverser sur quel drapeau de courtoisie, à hisser et sous quel vent le laisser flotter ! Nous les avons visités, ces villages, en traversant leur rio en annexe, successivement : choix de faire résidence difficile, tant ces deux cités sont typées.  La grande différence entre San Lucar et Alcoutim est l’absence d’un pont par rapport à Ayamonte et Vila Real de San Antonio, sises en embouchure. Pas de pont, pas ou peu de liens, pensez-vous et en plus deux pays rivaux ! Eh bien non, à voir toutes les embarcations qui passent d’une rive à l’autre. Une certaine attraction toute empreinte de poésie, naturellement, les relie ! Pour aller visiter les voisins d’en face, il faut être bien motivé et volontaire et, c’est peut-être cela qui les rapproche, bien plus qu’un pont utilitaire !  Autant Villa Real et Ayamontés sont éloignés par la distance de l’embouchure du Guadiana, autant Alcoutim et San Lucar, seront proches : une cinquantaine de mètres, mais sans pont ! Lors nous avons mouillé au milieu de la rivière, arborant les deux pavillons pour ne pas déplaire. Nous avons accosté en annexe, côté espagnol … désert, et en cherchant ses âmes, en église, les avons découvert. Le curé enflammait ses paroissiens d’une longue tirade que n’auraient même pas renié  Corneille  ni Rostand, tant sa harangue tenait  du théâtre, one man show.  En sommet de clocher, pendait, une cigogne morte, paraissant crucifié : rien à voir pourtant avec la croix, avec la vierge traversant le fleuve dans une barque, la foule la suivant pour finir l’office en église de San Lucar. Nous souvenant d’affrontements entre ces peuples, par le passé, nous en sommes demeurés interpellés. Serait-ce la raison, européanisation, voire religion, qui avait aboli les frontières : il semblait que non. Le fruit d’une longue tradition : pas de pont, c’est sûr mais de mur, de distance, de haine non plus. Rien d’autre que de l’amitié et confraternité !

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Textuels symboliques 

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Rivière

  • Symbolique de forme : Fleuve, rivière, cours d’eau, ruisseau est avant tout une ressource en eau : boisson, irrigation, énergie, navigation, cadre de vie urbain. La source, le cours, lit, embouchure, font ordonnancement du Monde dans une approche cosmologique : le temps qui passe, cataclysme de crue, quiétude d’un lac, pureté naïve de source, et  les  miasmes, mortels, des marais, et la vie  et la mort,  et l’enfer,  et le paradis. En quoi  l’inscription géographique  du fleuve signifie-t-elle à l’homme sa place dans l’univers ?

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Frontière

  • Symbolique de fond : le nationalisme cherche des symboles autour de ce qui représente la souveraineté État,  nation, et  les frontières  en font partie. Nombre espaces frontaliers sont, la plupart du temps, des espaces d’identités fortes et disputées, mais  aussi  lieux  de proximité linguistique et culturelle diffuse avec  les  voisins, et  voire au-delà de la frontière. La frontière  est aujourd’hui un espace s’estompant, pour certains, sous  l’effet  des  mobilités et de la mondialisation.  ritimo.org/La-frontiere-symbole- de-la-souverainete-nationale

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Méandres > villes, berge, lit, rivière, mouillage

  • Liens fond/forme : La forme est proche du fond dans la mesure où elle représente un méandre d’une rivière, ne s’y substitue pas  en n’évoquant pas les deux villes étant situées de chaque côté. Le lit d’une rivière est parfois surprenant : ici large, là-bas … beaucoup plus resserré ; ici sablonneux,  mais, là-bas,  plus vaseux, tant notre ancre  a du mal  à s’accrocher, comme si elle était glissante … hésitante. Deux courbes en méandres d’une rivière : nous nous sommes mouillés entre les deux et nous hésitons encore à choisit vers  quel pays, quelle ville,   frontière. Le pavillon courtoisie, faire flotter au vent et voire courant de mer. Les deux villes sont si proches que l’on dirait deux visages qui se font face, et se  parlent.

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