36 – Atterrissage en vue des Canaries

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Textuels 

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Textuel poème

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  • Le temps en mer n’a rien à voir avec celui  de la terre. De percevoir Météo avec son tempo, reste l’activité obligée du marin, pour savoir d’avance s’il demeurera chahuté ou s’il sera bercé par un flot continu, calme, des eaux. Après des jours de navigation, y a plus que la météo qui compte à bord. Tout le reste devient constant, épuisant  le  temps dont on ne se rend plus du tout compte, mis à part le jour et la nuit.  Terre en vue, ile en vue : après treize jours de haute mer, voilà une découverte bienvenue, dont nous ne sommes pas peu fiers. Ce n’est pas tant qu’on crie à l’exploit mais après notre isolement et l’impression garantie de l’immensité de l’océan qui n’en finit pas, Graciosa Lanzarote, aperçue non loin devant nous, est comme une délivrance. Encore une trentaine de milles sous de beaux cieux et nous y sommes, vers le milieu de la nuit.  Nous visons le goulet entre les deux fronts de mer. La mer est calme et le vent est assez fort pour nous rendre joyeux. Que nous réservent les iles Canariennes : nous n’en savons rien, mais elles ont peuplé notre imagination depuis des mois tandis que nous étions en train de nous activer à la préparation de notre voilier Ar-Kilé pour nous y mener sans trop de… péripéties. Au final, dix jours, loin de la Terre, d’un continent ; treize jours à ne regarder que le ciel et l’océan ; treize jours à ne voir que de rares oiseaux ou bancs de poissons ; treize jours à ne vivre que de très longues nuits, grands frissons. Les alizés réguliers, les vents d’orages tournants, les heures passées à avancer au moteur quand il y avait pétole, ou encore les voiles gonflées en ciseau au vent arrière, nous auront poussés ou tirés jusqu’ici : vive le dieu du vent Éole ! Éole, a troqué son nom ici, pour Alizé qui reste un vent plaisant à naviguer.

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Textuel extensions

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  • Voir une terre, en particulier une ile, est comme recréer un lien avec la civilisation où la vie se déroule tout à fait autrement, où la sécurité nous parait renforcée par rapport aux conditions de navigation en mer où une tempête peut nous causer des soucis quant à notre survie. Peu d’accidents arrivent en bateau, du simple fait que les navigateurs font très attention à ne pas commettre d’impair irréparable à même de mettre en danger leur vie. On aperçoit une terre au bout d’une douzaine de jours en mer, on fête cela.  Il ne s’agit pas de rater la cible, de passer à côté d’elle, de dériver, surtout qu’en cours de nuit, on n’en voit rien si la côte n’est plus éclairée. Alors estimons, calculons, et pointons, sachant qu’en vent de face nous louvoyons ! Un mille nous rapproche un tant soit peu mais il faut être patient comme dans un jeu. On peut aussi s’arrêter pour faire une pause mais à quoi bon puisque le voilier avance, à la voile ou au moteur, et sans discontinuer ! De Camarinas à l’ile de la Graciosa,  il faut compter entre cinq et six jours, dépendant des conditions météorologiques mais parfois autant de l’humeur du capitaine. Il en est qui mettent le moteur sous quatre nœuds et d’autres qui y rechignent, attendant deux nœuds : il y aura rien de plus navrant que de faire du sur-place. On le voit sur la carte, rien ne bouge, calme plat, l’on implore le ciel, l’on espère du bon vent et voilà qu’il se pointe en face de nous, et il va nous falloir tirer des bords : deux fois la route, trois fois la peine. Mais, parfois, c’est trop et l’on aimerait qu’il  diminue un peu : qu’il soit et reste juste comme  il  faut. Grâce à dieu, Graciosa  est là !  

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Textuel fragments

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  • Balises, tourelles, espars, amers, plus encore marques cardinales, ne sont présents qu’en bord de côte. En mer, l’on est en grand désert, devant, derrière, de tous côtés : y a rien pour attirer le moindre regard sauf en cas de croisements de bateaux, seule raison de rester vigilant. L’on est, un peu, comme Colomb, bien que l’on soit sûr, au fond, que notre carte est fidèle, prévisible, qu’on ne marquera pas la cible, sauf si les instruments défaillent, suite  à une longue coupure d’électricité : il nous reste possible de faire le point, à midi juste, avec notre sextant. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, au loin on aperçoit proéminence, correspondant au point sur carte ou nous avions projeté d’atterrir. Nous le vivons comme une délivrance, tant vrai  qu’au bout treize jours de navigation, seuls, en mer, une lassitude nous avait envahi ! Nous repérons, déjà, aux jumelles, une balise d’eaux saines, d’autres suivent, cardinales, la boucle est bouclée, terminée : de  la Bretagne aux Canaries, nous avons navigué, nous sommes contents d’arriver.  Il ne nous reste plus qu’à contrer un méchant vent, de face, sur lequel il faudra s’appuyer. Deux fois la route, trois fois la peine mais qu’importe dès lors que dans trois heures, l’on y sera, on y est.

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Illustrations 

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Visuels 

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36 1

De la pointe espagnole Finisterre

à la première Île canarienne,

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36 2

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nous disposons d’une carte marine

d’ensemble d’Archipel des Canaries,

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36 3

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nous approchons de l’île de la Graciosa,

 vue, ici, du détroit de l’île de Lanzarote :

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on la distinguera à peine, vue du ciel :

juste un point, au bout de Lanzarote. 

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Scénario

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Fiction

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Textuels symboliques 

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Balise

  • Symboliques de forme : De manière générique, une balise est définie comme un objet flottant ou fixé au fond de la mer ou à terre, permettant de faciliter toutes navigations ou de signaler un danger, soit en mer ou en  chenal. Il peut s’agir d’une bouée, d’une tourelle…maçonnée, simplement d’une perche. La marque de danger isolé signale un écueil peu étendu, situé généralement à l’endroit où  est  positionnée telle  balise à laisser à bâbord  ou à tribord. Une marque d’eaux saines indique que les eaux sont libres des dangers dans les parages, marque, également, une reconnaissance pour l’atterrissage. Modifié, source : Wikipédia

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Balise

  • Symbolique de fond : Un tricot vert et deux bas si rouges. Un : chiffre…impair ; TRI : comme…tribord ; CO : surmonté…d’un cône ; VER : couleur de la bouée ; DEUX : chiffre…pair ; BAS : comme…bâbord, SI : surmonté…d’un cylindre ; ROUGES : couleur de la bouée. Wiki Balisage

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Corrélations > accrochage, abordage, courant, balisage, côte

  • Liens fond/forme   : Il n’y a pas de balise en haute mer, c’est facile à comprendre : hauteur d’eau assez grande pour ne rien effleurer, même caché sous l’eau, lors invisible : les seuls accidents sont  des abordages, ou accrochages aux objets flottants qui peuvent être proches, voire baleines. Une balise flottante sert de repère visuel sur la mer, on l’apercevra de loin et correspondante sur la carte. Elle rime bien avec les messages d’alerte  qu’elle porte, et en s’en approchant, elle indique la force du courant, selon l’angle de gite  et le côté vers où  elle est penchée. Les marques de balisage qu’on appelle les cardinales, sont parfois  affichée sur le cockpit et la table à cartes. La côte présentera souvent toute une foule de dangers qu’il faut  bien décoder, maitriser, et voire, affronter. Après dix jours en mer, des réflexes se sont assoupis, check-up et répétition savoirs seront utiles.

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