34 – Départ pour Les Canaries

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Visuel scénario

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Au port,  amarré au ponton, notre voilier

près pour le départ,

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ça y est, on est parti, les voiles ouvertes,

 avec vent de travers,

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à la bouée de sortie, mer calme, vent

arrière : on envoie le spi.

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Textuel calligramme 

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  • Le départ est souvent moment d’émotion, on quitte la terre pour un autre univers, où l’on affrontera, peut-être, des dépressions ou qui nous mettra le ventre à l’envers. La solitude nous guette sur ce voilier-cocon, bien que la Liberté porte son nom. Le large, au milieu de nulle part, est un point d’océan au hasard, entre le sud et le nord, l’est et l’ouest. Sur la route, en marin modeste, on vise un port au loin, qui, de nous, prendra soin, après avoir été témoin de vagues. De renouer avec le bateau, quand le temps se fait beau, est un plaisir après dix mois d’attente et de préparation chez soi. C’est avec une semaine de retard que, fatigués, et les yeux hagards, nous avons, enfin, franchi la porte du port de Trébeurden pour que l’eau nous emporte. Notre première étape est des plus brèves, le temps d’une marée, jusqu’à Roscoff, mais elle permet de retrouver en nous l’étoffe des marins et de nous accorder une dernière trêve.  Nous voilà repartis, dès le lendemain, au plein large de l’Ile d’Ouessant, que nous contournons par le Nord pour longer sa façade Ouest. Le phare du Créach éclaire nos lampions tandis que nous faisons cap au Sud. Le chenal du four apparait derrière nous, en marge, comme une trouée entre deux mondes. Après avoir été bien secoués, quatre jours plus tard, le « cap Finisterre » se présente à notre vue. Le moral a tenu bon et nous sommes fiers d’avoir traversé le Golfe de Gascogne, qui gaze et cogne. Les quarts se sont succédé aux quarts et si nous étions, rarement, seul le jour, nous le demeurions totalement le tiers de la nuit. Au final, tous les trois, capitaine et équipiers, nous nous sommes amarinés grâce à ces roulements de veilles, de repas, de vaisselles, dont chacun a pris soin d’en faire sa part.

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Textuel extension

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  • Camarinas n’est qu’une étape, la dernière avant les Iles Canariennes. Après, ce sera le grand saut vers le grand large, pour une huitaine de jours sans toucher terre ni même l’apercevoir : un beau frisson, par anticipation ! Huit jours sans voir la terre, ni personne, à part croiser un ou deux cargos qui ne nous salueront pas : au bout de trois jours la notion du temps devient élastique au point qu’il n’y a plus que deux temps : le jour et la nuit, le beau temps et la pluie, le vent et le calme plat, les poissons qui mordent à l’hameçon ou qui ne mordent pas. Départ, partir, partance, un peu comme romance et aventure d’importance sinon voire d’insouciance, qui nous mène en ailleurs, espéré comme un meilleur endroit  pour son bonheur, de nuit et jour, toute heure, à moins d’une  catastrophe ! Partir… s’agirait, plutôt, ici, de repartir, dès lors  on ramène le bateau, là où  on a  déjà été, l’été  dernier, aux  Canaries, en s’impatientant de reprendre la mer. Franchir la porte du port, suivre bouée puis mettre les voiles, arrêter le moteur, rentrer les défenses et lover les amarres : autant de manœuvres à faire, et au mieux. Nous voilà rapidement libres au grand large : vagues en clapot sur les flancs de notre bateau nous bercent de mouvements en fendant les flots. Aurons-nous déjà le pied marin ou un peu malade. Virement de bord, changement de cap, dernière bouée, nous sommes plein vent arrière et la mer s’est calmée : comme des pros, nous envoyons le spi d’une seule envolée, cap à l’ouest, attendant de virer plein sud à Ouessant.

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Textuel épilogue

  • Mettre les voiles sera le maitre mot entre diverses bouées, vers plus loin. Tout départ est projet des plus beaux, fort chargé d’émotions, pour le moins. Bouées sont de formes, diverses, variées, mais toutes de tailles, couleurs, codifiées. Tableau résume, pour ne pas se tromper, cockpit, carte navigation, bien repéré. En plus des phares, des balises et amers, il y a le trait de côte, les lignes de sondes. En haute mer, côte finie lors eau profonde, le GPS aidera pour point sur la carte mer. Le chenal du Four, pris dans le bon sens, nous ferait lors dévaler en rapide coursier. Au spi, on surf, contournant Ouessant : Phare du Créach, Saint Matthieu, passés. Le golfe de Gascogne porte bien son nom, les vents, plein ouest, nous feront dériver. Si l’on veut atteindre la pointe Finisterre, il nous faut trianguler,  sinon, plein fond. Camarinas est en vue, en promesse de repos,  première, dernière halte, avant le grand saut vers l’archipel des Canaries, en une semaine : plus question de lambiner, d’être à la traine ! Mettre les voiles ne suffira pas : faut les régler, les vents changent, tantôt de force, direction, la vitesse est diminuée ; la dérive, augmentée, nul vent favorable pour qui piquera roupillon. Ah oui, j’oubliais, oubliez votre bon français : sur le bateau, aucun terme n’est du continent, lors potassez bien ce nouveau lexique qui fait, que vous rendez le capitaine, de vous, content. N’oubliez pas, qu’en mer, plus aucun repère : rien que vous et votre bateau sur 360 degrés. L’horizon est courbe, est assez distant, super, pour vous procurer émotion de totale liberté.

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Textuels symboliques 

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Bouées

  • Symboliques de forme : En Europe, les bouées bâbord ont la forme d’un cylindre, elles sont de couleur rouge. En venant du large, il faudra les laisser sur bâbord (gauche), c’est-à-dire qu’on passe à tribord (à droite) de la balise. Tous ces termes marins remontent au 15ème siècle et trouvent leur origine aux Pays-Bas. Leurs marins dirigeaient leurs bateaux, à l’aide d’un  gouvernail, fixé sur droite du navire quand  on  regarde l’avant du bateau.  dalmardmarine.com/actualite/babord-et-tribord

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Mettre les voiles

  • Symboliques de fond : «Mettre les voiles» c’est aller vers le large, s’éloigner de la côte, et s’éloigner des gens, qui y sont en train d’agiter leur mouchoir pour dire adieu à celui qui a pris la mer et qui s’en va vers l’aventure avec cette possibilité fantasmée  de non-retour, tellement la mer peut être capable de faire disparaître qui elle veut !  Expressio.fr par revers

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Corrélations > Mettre les voiles, départ, aventure, émotion

  • Liens fond/forme : Mettre les voiles, sans regarder en arrière, et, parfois, sans revenir, quelle folle liberté, le tour du monde mais la plupart du temps, destination proche, ou, avec deux ou trois  étapes, permettant de mieux se rendre compte qu’on est déjà ailleurs, on va plus loin ! Il y  a plusieurs manières de mettre les voiles mais celle que l’on pratique est la seule, réelle, rimant avec départs,  voyages, aventures, et d’autres projets  dont on ne serait  pas très sûr, tant et si bien qu’une bouée l’évoquerait très bien, ne se confondant pas, entièrement, avec le fond. Un départ pour le large est une longue croisière, et restera toujours un grand moment d’émotion que l’on a vécu et rejouera après dans sa tête : quitter la terre ferme est déjà une aventure !

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