18 – Guadiana, frontière Portugal et Espagne

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Visuel scénario

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Un ancien pont frontière

Portugal-Espagne sur Guadiana,

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dans une vue d’ensemble,

le paysage s’avère des plus verts,

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en vue de près, on y trouve

des branches, comme en marais.

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Textuel calligramme

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  • Une frontière est une barrière empêchant de passer derrière, pour aller, dans un pays voisin.  N’importe quelle rivière parait plus naturelle comme frontière que tout mur, toute sentinelle.  Mertola cité historique classée, après Alcoutim et San Lucar, révèle fin de toute frontière.  Mais comme à Villa Real, sise face à Ayamontés et ouvrant sur la mer, est proche et lointaine et sa traversée marine, houleuse… incertaine !  Frontière naturelle abolie entre deux amis, ennemis jadis, s’épiant, ou s’ignorant, mais aujourd’hui, s’aimant : tel est le Rio Guadiana, coulant loin de toutes leurs tourmentes. Inversant le cours des flots, le dérivant à chaque tournant, incursions et excursions de mer se laissent embrasser par les terres, aux collines désertes ou boisées, le rio constitue un havre de paix, apprivoisé. Retours en lieux plein d’émotions, retrouvailles, bonheurs à foison, se redistillent en nos veines, nous consolent de toutes peines. Nos souvenirs s’y reconstruisent, stock d’images où la mémoire puise, en mode kaléidoscope, des fragments de vies qui me rappellent que je suis déjà venu ici ! Retour après un an au Rio Guadiana : l’eau a coulé en amours incessants. Renaviguer sur lui me procure la même joie que de l’avoir pénétré la première fois ! D’un rio à l’autre, entre deux terres, en serpentant, paisible en son courant, en sens du vent ou contraire, notre voilier dériveur s’y glisse aisément. S’égarant loin de la mer milles nautiques, l’arrivée en bateau est fort sympathique, entre monts et versants de tranquillité, bien aidée par un fort courant de marée. Souvenirs de l’an passé, d’avant-hier, émergent des méandres et villages accostés.

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Textuel extension

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  • Souvenirs de l’an passé, d’avant-hier, émergent d’un méandre d’un village accosté. C’est toujours une surprise de remonter une rivière à l’aide d’un courant de marée nous poussant ou luttant à contrecourant. D’autres rivières sont soumises à ce phénomène mais il n’est pas fréquent qu’il soit aussi conséquent, de quinze kilomètres dans les terres. Un kaléidoscope d’images, sensations diverses, submerge ma pensée en voyant les traces d’un si lointain passé se superposer comme si l’histoire s’écrivait devant moi : tantôt émerveillé, tantôt terrifié, par le temps qui passe, trop vite, ou trop mal.  Fleuve et frontière naturelles vont souvent de pair et font souvent office. Il n’y est pour rien, c’est un écosystème, frontière est humaine artificielle qui sépare deux nations alors que le fleuve les arrose et indistinctement. Et si un pont les relie par voie terrestre, il peut autant les isoler, mais le fleuve n’en a cure, le lit de son courant passe d’un bord à l’autre. Vouloir matérialiser une ligne de partage, interdite au milieu, est factice dès lors : à qui appartient, non seulement le lit du fleuve, mais son eau ? Parlez-en à monsieur Jourdain, pas de Molière : au ressortissant israélien ! Une partie de rivière qui servira de frontière, rien d’original là-dedans, rien que du naturel : entre des pays frères, on cite une telle barrière, qu’elle soit de nature géographique, culturelle ! Mais ici ce n’est pas le cas de la ville de Mertola de douze kilomètres dans les terres portugaises, frontières ont leurs tracés parfois renégociées : l’Europe aura mis fin aux dominations, hégémonies. Ce qui nous aura frappé le plus est sa végétation, des plus verdoyantes, variées, sur ses deux rives : peu de villages sont installés auprès, ce qui en fait un fleuve, sauvage, surprenant, mais romantique ! Marée montante nous a un peu aidés pour l’amont et marée descendante en fera de même, pour l’aval : cas contraire, nous aurions mis d’avantage de temps. C’est ainsi, pour bien naviguer : partir avec le courant !  Un pont enjambe le fleuve un peu en amont Mertola mais nous ne pouvions aller plus loin de toute façon : la descente s’est faite d’une seule traite, jusqu’à la mer en négociant une bonne trentaine de ses méandres.  Nous avons mouillés en l’embouchure, Ayamontés. L’idée même d’ancienne frontière, devenue obsolète, nous nous sentons partout ici, presque chez nous, s’il n’y avait les langues qui sont bien différentes.

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Textuel épilogue

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  • La marée, parfois, s’enfonce loin en terre : douze kilomètres, entrant jusqu’à Mertola ! Trois mètres de marnage entre haute et basse, si fait que son courant nous monte ou descend. Le même phénomène qu’à deux pas de chez moi : la marée du Léguer débordant souvent quais de Lannion.  Parfois la frontière demeure une ligne matérialisée avec de hauts murs, grillages, poste de surveillance et parfois, c’est tout le contraire : une simple ligne imaginaire séparant un cours d’eau, rivière, fleuve, lac ou mer. Les fleuves ne se déplacent guère sauf en estuaires, mais les frontières, si, par accords ou suite à des guerres. Les méandres et facéties des courants en rivière, nous passent d’un pays à l’autre, sans accoster. Ce n’est plus tant, ici, les limites territoriales, qui comptent que les langues et règlements. Au final, quand vous venez d’un pays tiers, vous êtes citoyen du Monde, ou presque ! Les frontaliers l’auraient bien compris : vivre ici et travailler en face, ils seront bien lotis.

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Textuels symboliques 

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Rivière

  • Symbolique de forme : Fleuve, rivière, cours d’eau, ruisseau, reste avant tout une ressource en eau : boisson, irrigation, énergie, navigation, cadre de vie urbain mais la source, et le cours, le lit, et l’embouchure,  font ordonnancements du Monde dans une approche cosmologique : le temps qui passe, cataclysme de crue, quiétude d’un lac, pureté naïve de source, et  puis  les  miasmes, mortels, des marais et la vie  et la mort,  et l’enfer,  et le paradis. En quoi  l’inscription géographique  du fleuve signifie-t-elle à l’homme sa place en l’univers ?

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Frontière

  • Symbolique de fond : Une frontière est un espace d’épaisseur variable, de la ligne imaginaire à un espace particulier, séparant ou joignant deux États souverains. Elle est marquée par un symbolisme fort en connotations de barrière… jonction. Dans le système international actuel, qui se caractérise par la coexistence d’environ  200 États  territoriaux, le nombre de frontières actuelles doit être multiplié  par centaines. D’un autre côté, la notion d’un monde « Sans frontières» fait son apparition. Wikipédia

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Corrélations > Frontière/rivière ,

  • Liens fond/forme  : Une frontière du souvenir, en mémoire, est, parfois, difficile à retrouver, valider, mais ici,  semble couler comme de source, reconnaissant chaque méandre, franchi. Il est vrai que tout fleuve n’est pas limite, d’un territoire pas plus qu’un imaginaire, faisant remonter, aussi loin, eau de mer ! Toute rivière ne suit que son cours naturel, sans se préoccuper d’être prise en frontière. Le problème demeurerait d’en fixer la limite soit au bord,  en limite, ou  sans marquages, que fera-t-on des iles et ilots, en plein milieu, des  moulins, des  barrages, retenues  d’eaux, un casse-tête pour géographes ou politiciens ! S’il est vrai que rivière rime bien avec frontière, de chaque côté d’elle, on trouve des hommes fiers.

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