293 – La traversée vers Ouessant

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Textuels : poème, extensions, fragments

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Textuel poème

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  • Une traversée est toujours aventure, toujours une coupure, d’avec le grand continent. On l’espère calme, tranquille, en rêvant d’une grosse tempête : quoiqu’il en soit, stress ou bien fête, toujours plaisant de visiter une ile. Ouessant est une ile de légendes : qui voit Ouessant voit son sang. Terre émergée la plus proche de l’Amérique du Nord. Au Conquet, embarquement, tête de proue du vent, Ouessant, Ile du couchant, la plus à l’ouest, la plus océan. Bateau nous jette en une sorte de creuset par une mer agitée, hachée au vent mauvais. Les vagues, chargées d’écumes, montent à l’assaut du pont du bateau le traversent explosent gerbes d’eau. Les hublots du salon ruissellent, au dehors, en grosse pluie, masquant les paysages, les côtes, les rochers, la mer en furie. Molène nous apparaît soudain, bâbord, comme une île irréelle, s’enfonçant, parfois, en pleins flots, comme une terre virtuelle. Au près, une bouée, au loin, un phare, esseulé : où sont les ports : celui d’Ouessant, abrité, qu’on y débarque, qu’on retrouve le nord. Bercé, tangué, roulé par cette masse d’eau mouvante, moutonneuse, envie de fouler le sol ferme, pour reposer sa tête, secouée, houleuse ! Et malgré cela, heureux du voyage, en bout de terre, au bout du rêve d’une telle aventure, trépidante, avec femme, enfants, bien que brève, que pouvoir longer sa côte déchiquetée par ses criques et ses grèves. Et marcher en ses landes rasantes, sous un soleil frais, un vent fou, qui vous pousse, vous tire, vous prend vous étouffe de ses vrous, plaisir de communier avec la Nature sauvage, un point, c’est tout. Plaisir d’être seul, avec elle, loin de tout, surpris, émerveillé, par ses couleurs, ses odeurs, souffles, silences renouvelés. L’île défie tous les jours, les temps, par sa beauté, traverse les hivers endurant tempête redoublée. Tout marin tombe sous le charme amant, de l’ile d’Ouessant, son couchant, tête de proue du vent.

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Textuel extensions

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  • La découverte d’une ile que l’on ne connait pas, est toujours un moment émouvant, car il s’agit d’un périmètre fermé avec des difficultés d’accès et des résidents très isolés de tout. Un seul port pour arriver et partir, des routes qui quadrillent le centre, ne font pas tour de l’ile. Pas d’immeubles : que maisons basses, ramassées sur elles-mêmes, contre vents et marées. Une vedette maritime «courrier», suite à ses trajets réguliers, n’est pas comme un bus qu’on prend à chaque arrêt, horaire. Il faut réserver, il faut se rendre à un port, il faut embarquer et conditions météo annulent, retardent, des fois, la navette. Il faut prévenir son mal de mer quand ça remue un peu trop. Bref, autant ce sera une promenade de santé par beau temps, autant par mauvais voire tempête, un abominable tourment. En voilier, voile tempête s’appelle tourmentin : pas pour rien. Aujourd’hui  la mer est chahutée, il vaut mieux, cabine, rester. Une traversée  sur vedette  n’est pas  sur voilier, on pourra dire, c’est une promenade de santé : du port du Conquet, il nous faudra une heure de mer pour y aller lors en voilier, cinq heures. Tout dépend de la force du courant et du vent : imaginez les deux  dans le nez,  le ralentissant ! Ici plein pot, on est, sur vagues, à saute-moutons : ca tombe bien,  légendes moutons noirs d’Ouessant. Quand même si la mer bouge, que les vagues roulent, ca déménage sur le pont et on se retire dans la cabine. Fort heureusement, la capitaine connait bien son bateau et l’aventure se termine toujours bien comme Ouessantin.

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Textuel fragments

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  • Considérée au xviii e siècle comme Une ile hostile et voire arriérée, à un point tel de  la nommer  comme «ile de l’épouvante». Ouessant change d’image  à l’époque romantique : il n’en restera  pas  moins un dicton et qui proclamera : «Qui voit Ouessant voit son sang !»   Ici la mer ne trahit pas : sauvage,  brutale, meurtrière, naufrageuse. Parfois, aux tempêtes d’équinoxes,  des vagues géantes, appelées moqueuses,  couvrent les phares, en mer, d’écumes. Notre traversée fut, à peu près, calme : quelques remous, voire enfournements, rien pour affoler le capitaine, bien aguerri, allant du port du Conquet vers le port du Stiff. L’on imaginera bien premiers résidents traversant sur des bateaux de fortune, accostant sur ce caillou, en plein vents, tête, cœur, estomac …  bien accrochés, et pour y vivre en misère noire, isolés !

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Illustrations : visuels, scénario et fiction

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Visuels

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Une  des  vedettes  au  départ

de la traversée vers Ouessant.

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Les trajets maritimes réguliers,

Molène, Ouessant et continent.

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Une  autre  vedette, au départ

d’Ouessant, pour le continent.

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Carte de l’archipel de la mer d’Iroise

comme un chapelet d’ilots, en ligne.

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Textuels symboliques et corrélations

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Bateau

  • Symbolique de forme : Si un bateau modernes ajoute un certain confort et si ses instruments de navigation ont rendu les routes maritimes plus sûres, la vie en mer a, longtemps, été associée à des conditions spartiates et dangers omniprésents, la mer rappelant aux Hommes la supériorité de la nature. Car tant qu’il n’a pas atteint pas une taille suffisante, un bateau reste un objet entièrement soumis aux caprices du vent et des vagues : la vie à bord est alors une lutte constante contre l’humidité,  et  les  mouvements brusques ou le mal de mer.

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Navigation

  • Symbolique de fond : L’histoire de la navigation est liée à celle de civilisations des drakkars  pour les vikings ; des felouques pour  les  arabes ; des jonques, sampans, des chinois ; des praos  pour les  polynésiens ;  enfin, pirogues,  des africains. Et pour faire sa route, les cartes, une règle et un compas à pointes sèches ou rapporteur règle cras. Poursuivre son cap : un compas. Pour faire le point : un compas de relèvement et un sextant, des tables de logarithmes, des radiophares, Decca et maintenant un G.P.S

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Traversée > Courrier, isolement, autarcie, caractère

  • Liens fond/forme  : Il ne faut pas s’attendre à une traversée des navettes et courriers en tout temps. Il y a des jours où l’ile demeure isolée, pas même un hélico  ne peut atterrir, lors l’ile demeure en totale autarcie. Il faut vivre, survivre, ou mourir : ça forge caractère des habitants étant habitués depuis le temps.

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