1193 – Lors on naît, on pleure, on meurt, on rit

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La naissance n’est  pas sinécure ni pour la mère ni pour l’enfant tant l’enfant sortira en pleurant, et sa mère en souffrance, puis en joie. A l’autre bout, et vers la fin, nos souffrances sont telles que l’on aspire à une délivrance, que mort on rit d’envie, car si premier souffle fait mal au poumon, le dernier souffle fait mal au corps entier. Mourir de rire : point encore et, pleurer, non encore mort, pas son sort lors !

 

Lorsque l’on nait, l’on pleure, l’on ressent souvent des douleurs en sortant, alors que, tout autour  de soi, la joie s’exprime et partout, à la fois dès qu’on est présent. Lorsque l’on meurt, l’on rit soi-même d’entrer en une toute autre vie alors qu’autour les pleurs font résonnances de vrais malheurs qui ne peuvent être consolés ailleurs. Naissance à l’endroit pour venir, naissance à l’envers pour partir, contre toute apparence disparaissent devant vous comme avant d’être nous et après avoir été nous. Avant, ce n’est pas après être né, après, ce n’est plus avant d’être né : d’un côté comme de l’autre, il nous nous faut nous contenter de ces inconnus où raison n’est pas invitée. Deux passages, de deux côtés, pour un seul voyage accordé mais si je n’avais jamais existé, je n’aurais pas eu à le regretter pas plus qu’à l’envier, remercier mes parents, etc. Alors, il faut s’en faire, en vivant, une raison d’en profiter, énormément, et, si possible, en nous aimant ou bien la mort nous rendra fous de passer notre temps à l’attendre. Naitre est le début de l’angoisse alors que mourir est la fin de toutes, mais aussi de l’innocence et autant, de l’indécence : dites-moi quelle est votre préférence !

 

+ Lors je nais, je pleure et lors je meurs, je rie : je parle bien de moi car mon entourage fait tout le contraire. Lors je nais je crie, n’arrête pas de braire, prenant mon premier souffle. Lors je meurs, je rie, arrête de parler, rendant mon dernier. Mort de rire, dit une expression qui ne croit pas si bien dire que rire de la mort finit par la vexer et elle finit par arriver. On est loin du drame et du cauchemar et autant de fantôme, squelette et autres représentation de la Mort qui nous punit. Celui qui nait n’a pas encore conscience de sa vie : celui qui meurt a perdu la conscience de sa vie. Perdre conscience est une expérience de la mort, la retrouver, expérience de la vie. 

 

& Enfant naissant, pleure et crie, pour prendre l’air et le bon adulte mourant porte le masque du sourire, une fois mort. On aurait pu voir, et croire, le contraire : nouveau-né riant, adulte faisant sa mauvaise, et dernière, tête d’enterrement, masque mortuaire qui rit, c’est quand même la belle ironie.

 

 

 

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Visage en pleurs d’un enfant qui vient de naître.

 

 

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La mort qui rit : cynisme, ironie, ou autre chose ?

 

 

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Masque de morte, semblant rire, intérieurement !

 

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Enfant naissant, pleure et crie, pour prendre l’air et le bon

Adulte mourant porte le masque du sourire, une fois mort.

On aurait pu voir et croire le contraire : nouveau-né riant,

Adulte faisant sa mauvaise, et dernière, tête d’enterrement

Masque mortuaire qui rit c’est quand même la belle ironie.