105 – Notre bateau Ar-Kilé juché sur un ber

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Visuels scénario

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  Un ber, prêt à accueillir notre voilier : Ar-Kilé.

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Notre voilier Ar-Kilé, posé dessus son ber !

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Manière de caréner, un peu plus provisoire.

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Textuel calligramme

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  • Ah, voyez moi ça, ah oui, c’est sûr, un voilier, sur l’eau, on le trouve très beau. Ce même voilier sur un ber, on le trouve très fier, juché sur sa quille. Il nous en impose, par ses dessous, par ses formes arrondies, qui lui donnent un aspect des plus ventrus. Mais qu’il parait pataud du fait que le sol n’est pas son élément naturel. Sans un ber, il serait branlant, sans échasse, le il ne tiendrait jamais debout le bateau. Fini les belles croisières : notre bateau Ar-Kilé est lui aussi à présent sur son ber et sera bientôt désarmé pour passer l’hiver mais son capitaine demeurera aussi fier de lui. Il était saturé d’émotions, hier, de le voir si haut perché dans l’air : c’est comme s’il redécouvrait un frère, et le laissait en chantier, derrière. Il reviendra, c’est promis, cet hiver, pour le bricoler sur son ber. Il y a tant et tant de choses à faire sur lui, qu’il pourrait y passer sa vie entière, sans penser, outre mesure, aux malheurs de la Terre ! Acquis depuis sept ans avec son argentière, je l’ai vu changer à chaque anniversaire. Il changera, encore, et de ber en ber, il finira par devenir un vrai et beau « bateau de propriétaire ». Il ne lui manque rien, selon ses équipiers, même pour accueillir une femme aimée. Il n’en demeure pas moins que n’importe quel bateau est toujours trop petit. Même avec un mètre de long en plus, rien ne sera garanti. Un bateau, c’est de l’argent, du temps, un programme de mer. De compromis, tout est affaire pour trouver  la taille idéale : le vendre pour un autre, cela lui ferait trop mal.

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Textuel extension

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  • Un voilier sur l’eau et sur terre n’a pas du tout la même apparence. Dans l’eau, on ne le voit qu’à partir de sa ligne de flottaison, ce qui lui donne une coque fine, avec un franc-bord minimisé tandis qu’en l’air, toute sa coque entière et ses appendices (quille, safran, etc.) sont à découvert. Il est comme un poisson sorti de son élément naturel, incapable du moindre mouvement, inerte. Le carénage est une des opérations courantes pendant l’hivernage, c’est le temps pour le voilier de se refaire une beauté après avoir voyagé des mois et réalisé de longues traversées. Nous avons quatre jours à mettre à profit avant de prendre l’avion pour Paris, pour notre retour.  Il n’y a pas que le pont du bateau qui demande des soins, la coque et ses dessous tout autant que l’on appelle carène. Ce qui frappe, en premier, est sa quille : nageoire de poisson, mais qui ne frétille pas, stabilise le voilier en eaux, courants ! Notre voilier, dériveur intégral, elle se remonte complètement. A l’intérieur, et l’on peut alors échouer sur le sable d’une plage. Des algues et des minicoquillages ont pris pension sur son fond qu’il va falloir déloger au couteau, ou karcher et puis repeindre, pour que le voilier, sans moindre aspérité, se glisse bien en eau.  Il n’est jamais simple ni naturel de laisser son voilier hiverner sur un ber à l’étranger. Le mieux est bien qu’il soit non loin de soi, pour aller lui rendre visite ou le surveiller. Mais ce n’est pas tant l’investissement matériel qu’affectif et, profondément, émotionnel, qui fait qu’on s’y attachera à comme à tout espace générant des imaginaires de fous. Pour nous en consoler, nous quittons un  voilier tout propre comme remis à neuf, prêt à repartir à notre descente d’avion. Il faut cela pour assouvir notre passion.

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Textuels symboliques 

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Hiberner/hiverner

  • Symbolique de forme : Selon un dictionnaire, « hiberner » s’emploie en parlant de certains animaux pour dire qu’ils passent l’hiver, dans un état d’engourdissement ou de profonde  léthargie, lors  » hiverner  » signifie  » Passer l’hiver à  l’abri, en un lieu quelconque ». Ce dernier terme était   utilisé pour parler de navires ou des troupes, passant l’hiver dans un lieu     protégé en attendant la belle saison. ohmymag.com/best-friends/hiberner-hiverner-quelle-difference

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Chantier

  • Symbolique de fond : L’homme a imaginé et créé des engins lui permettant de naviguer sur l’élément liquide depuis l’aube de l’humanité, mais cette définition d’architecture navale pour cette activité très ancienne ne date, quant à elle, que du XVIIe siècle, lorsque l’on a commencé à compiler les savoirs sur les artefacts nautiques dans certains chantiers. Modifié, source : Wikipédia

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Corrélations > carène terre-plein, œuvres vives, œuvres mortes

  • Liens fond/forme : Une carène de voilier au sec sur terre-plein chantier. Lon distingue ce qu’on appelle : œuvres vives, œuvres mortes. Cela rime avec «mise en ber» en dehors de toute mer et avec fixité totale lors étant prisonnier dans l’air, dès lors en ce poème fond et forme correspondent. L’avantage d’un voilier, de cale dériveur intégral, est qu’il peut se poser n’importe où sur son fond. L’inconvénient: il faut remonter la dérive mobile, et le voilier en deviendra moins manœuvrable. L’on en garde pour éviter que le voilier tourne ou nous envoie sur les cailloux ou sur les bords !  

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