381 – Le blues d’un jeune retraité en bateau

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Visuels suggestion de scénario

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Le blues, c’est d’aller en voilier, afin de

se réfugier loin de tous ses problèmes ;

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le  blues, c’est  regarder  par le hublot,

sans avoir la moindre envie de sortir ;

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Le blues, c’est le début d’une déprime

et avec le mauvais temps, en prime !

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Textuels calligramme / extensions

£  +   &   #

  • £ Seul, sur la banquette du carré, dans le bateau, je tends l’oreille au ponton de notre marina endormie. La Lune éblouit sa coque, elle mire son reflet en l’eau, j’éprouve un vague à l’âme durant mon sommeil toute la nuit. Serait-ce le mal de terre qui me prend aujourd’hui, ou de mer, vide des gens, plein de mon isolement. Tantôt je respire ou soupire ou je souffle et me détend, tantôt je me sens coincé, pressé, contraint, démis. Par chance, je suis là, avec ma famille, mes amis, je partage le même cockpit, carré, roof, cuisine. Les repas sont occasions d’échange, en sourdine sur des projets, idées, si ce n’est opinions, lubies. Repos du corps, relaxe de l’esprit, paix de l’âme, mais pourquoi la vie n’est-elle pas toujours ainsi, les agendas, l’argent, les gens vous enflamment mais vous ignorez les souffles de vents de désirs transis. En fin des vacances, le travail, je ne le reprendrai : inutile, désormais, de s’échiner à se rogner ses ailes : avant, la vie profitait de moi, plus que moi d’elle, son esclave durant dix mois, juste deux pour moi. Il était une fois après des années de labeurs passées, un jeune retraité, affranchi de tous rythmes, éreintés, disposant de repos, de vacances,  de farnienté à volonté. Bien occupé il ne trouvait pas le temps pour s’ennuyer. Occupé à tout et rien, occupé à ce qu’il voulait bien, il traçait son chemin à l’envers des autres, en marge. Il faisait son programme de la journée, chaque matin, sans se soucier des travaux des autres, en pleine charge. Seul et pensif sur sa banquette du carré de son bateau, il se dit qu’aujourd’hui, la chance lui sourit par son hublot : trente ans ne lui suffiront pas pour voguer sur les eaux, mais ils ajouteront d’autres couleurs, d’autres formes à son tableau. Ce voyage entrepris seul, le mènerai-je jusqu’à son terme, mes projets d’écriture ne sont pas en options, sont fermes ; ma dernière page, accepterai-je, un jour que je la referme : je vous prends à témoin, ce n’est pas qu’une question de termes !

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  • + Termes vocabulaires et terme mortuaire se rejoignent dans un même élan de vie qui fait sens pour celui qui l’écrit. Le mot retraite évoque un retranchement, un isolement, un désengagement alors  qu’il n’est en réalité qu’une étape normale à franchir pour enfin rebondir et se remettre en disponibilité pour réaliser des projets nouveaux ou délaissés.

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  • & Blues, déprime, spleen, appelez-le comme vous voulez : le départ en retraite crée comme un vide en soi, autour. Vous avez beau prendre un nouveau départ sur le bateau, monde d’hier, vous remplit, face la mer plate, de demain. On ne solde pas quarante ans… actif, en un tour de main, et quand le mauvais temps se met, en outre, de la partie, comment faire pour, surnager, vivre un nouveau projet : à chacun d’en décider mais une telle épreuve, se prépare. Lever le pied n’est pas lever les deux pour ne pas tomber.

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  • # Le blues, le retraité n’y échapperait pas, si ce n’est au tout début, décontenancé, voire dépité, ou totalement désorganisé : s’il n’a pas préparé un projet, ça ne va pas. Lors il s’ennuie si ce n’est qu’il bricole parfois, il sent le temps passer sans contrainte de rien : son réseau de collègues, son statut d’employé, ne sont plus là pour faire sonner son identité ! Cela dit, mon entreprise m’a proposé stage de préparation à la retraite, en séjour gratuit. Au programme : santé, succession, et obsèques ! De quoi donner le blues à nombre d’optimistes.

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Textuels symboliques et corrélations

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Phare

  • Symbolique de forme : Un phare, comme on le voit,  n’est pas qu’une construction élevée au-dessus du niveau de mer. C’est une construction qui porte une lumière émettant un signal de reconnaissance pour informer les navigateurs de la présence de dangers ou de la côte. Ainsi, par  métonymie, le  mot  phare désigne-il la source lumineuse elle-même. De ce point de vue, retirer la lumière d’un phare, ce serait l’amputer d’élément constitutif de sa vraie nature ! Source  modifiée : abp.bzh

 

Phare

  • Symbolique de fond : Le symbolisme du rêve de phare est très positif. Il représente la lumière qui guide les hommes. Le phare indique une direction, un sens sacré. Et à l’instar de la tour, il affirme sa verticalité. Cette construction possède cependant  un sens opposé puisqu’elle est faite pour être vue, la tour est d’abord faite pour voir. Or le phare est porteur de lumière. Modifié, source : tristan-moir.fr/phare

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Retraité >  phare, liberté, famille, profession, perspective

  • Liens fond/forme : Y a-t-il un  phare qui guide le retraité : oui bien sûr, celui qui éclaire sa liberté de faire ce qu’il entend, ce qui lui plait dès lors qu’il n’a plus de contraintes ni familiales, ni professionnelles. Il n’y a  d’autre perspective, horizon, que sa prochaine disparition  qu’il n’évitera pas, de toute façon !

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