168 – L’appel du grand large

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Textuels : poème, extensions, fragments

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Textuel poème

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  • Hier, aujourd’hui, demain, un départ conditionne sa fin, nos ports visés sont assez loin, mais l’on y parviendra, marins. Vrai, si le temps n’avait pas de fin, plus de jour, semaine, mois, année : on n’aurait plus besoin de calendrier. On irait où on veut jusqu’aux confins, bien qu’il en faille un pour compter le temps que cela nous prendrait pour réaliser tous les projets, issus de nos rêves innés. Ici, ce n’est pas là-bas, ici ce n’est pas gagné, mais sûr, demain, j’y parviendrai, bien que mon corps se tienne encore en cet endroit où il dort et que mon esprit fort se projette déjà, tout entier, vers ces ports où un soleil éclate, situé au sud, loin du nord. La mer est un miroir trompeur, par ses peurs et humeurs, et nous renvoie à ses malheurs ou bonheurs. Elle vous fait voir tel que vous êtes : voyageurs sans cesse en quête ! En quête de quoi, c’est bien la question : de natures liquides, d’immensités vides, de rencontres de gens sympas, de passions, de fureurs de vivre lentement, sans être avide. Entre ce qu’on imagine et ce qui se passe  réellement, combien de problèmes impondérables, de désagréments, retardent d’autant votre marche en avant mais qui ne vous rendent pas pour autant mécontent car quelles surprises et contentements que de voir des nuées d’oiseaux passant au-dessus de vous, banc de poissons, en dessous, nageant, ou de sentir la caresse ou le feu du soleil ou encore le souffle ou la force du vent. Même si l’on est contraint de faire route au près, la navigation est un voyage, loin : un voyage redouté en soi-même, avec équipier conjoint, choisi exprès !

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Textuel extensions

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  • L’appel du grand large est naturellement l’appel de la plus grande liberté possible en dépit des contraintes et des dangers. Ce qui parait magique, c’est que non seulement la terre et la côte s’effacent mais que le temps et les soucis aussi en devenant comme purement subjectifs, inconsistants, évanescents. Toute traversée, de mer, de campagne de désert ou de montagne, est une épreuve autant pour l’esprit que pour le corps et en même temps un renouvellement, un ressourcement. Aujourd’hui le grand large, compte tenu de notre connaissance et de notre maitrise de la géographie terrestre, n’est plus l’exploration de la planète Terre mais un saut dans le vide du Cosmos, à l’infini.  L’appel du grand large est envie de migration vers un ailleurs. Il n’y a plus devant soi que du plat, que du calme,  que de l’eau. Cette immensité n’attire pas que le regard, tout  le corps entier. Marcher jusqu’au bout d’une très longue jetée, est déjà amorcer un début de voyage qui nous engage, et dans toutes nos pensées. Y aller seul et à deux, voire en couple, n’aura pas la même saveur, longer les cotes ou s’en éloigner à les perdre de vue même valeur. Ce qui est certain : c’est qu’on en revient, quelque peu transformé, par le temps, que l’on y a passé, et, qui semble avoir été expansé !  Le grand large : ce terme convient bien à l’océan immense à ce point qu’on n’en verra pas le bout : platitude désespérante, pourtant bien mouvante. Insensé vouloir l’atteindre en marchant, nageant. Mais pour peu que l’on ait un bateau qui s’y prête, le large se rend à notre portée et ouverte au désir de naviguer vers lui en vue atteindre son horizon, qui, plus l’on s’en approche, ne ferait que reculer. Ressemble à bon nombre de couchers de soleil,  qui semblent plonger d’épaisse couche nuageuse en couleurs, dans l’océan, derrière ligne horizon, poursuivant sa course autour de planète Terre !

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Fragments

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  • L’appel du large et voire du gran large n’est pas celui d’une fuite, parenthèse : d’abord un rendez-vous avec soi-même, voyage qui vous fait prendre conscience des problèmes, des dangers, de votre vie, d’avoir la sensation intime êtes en survie, car, une fois parvenu au milieu de l’Océan, faire demi-tour ne fait pas  sens, que poursuivre.  Vous ne pouvez compter que sur vous-même, et votre monture, en l’occurrence votre voilier, en espérant qu’il tiendra le coup, pas de panne, sinon, et très vite, vous courriez droit au drame : avoir disparu des antennes familiales, et radars maritimes, sauf à croiser autre bateau ou cargo, vous procure un sentiment de solitude extrême. L’on aimerait voir une ile, un petit bout de terre, si minuscule soit-il avec, sur lui, amas de pierres qui ferait comme un cairn avec traces d’humains mais cela procéderait  de la fatigue, d’un mirage, n’ayant rien de renseigné sur notre position GPS : c’est curieux que la côte, en mer, prenne tant importance.  Moi, ma plus longue navigation, en  pleine  mer, n’a jamais dépassé douze jours, pour les Acores : il aurait fallu un mois pour atteindre la Martinique : on comprend pourquoi, les Acores est une étape, il y a peu qui auront fait la traversés sans escale.  Le grand large, pour nous, est un terrain connu, imaginez Christophe Colomb et armada galions pensant trouver les Indes en allant vers l’ouest : une pure folie qui a bien failli lui couté la vie. Je n’en suis pas là, en réalité peu de voiliers seront en perdition au fin fond des océans, on craint souvent que suivant est le sien ! S’il en avait été ainsi je ne serais pas là à vous relater appel du Grand-Large. Je serais à jamais, fond de l’océan.
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Illustrations : visuels, scénario et fiction

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Visuels 

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Une valise, un bateau, la mer

et le rêve d’un voyage d’amoureux :

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aller à pied, aussi loin que possible,

au bout de cette jetée en mer,

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ou flirter avec les rochers, près

des falaises, en bordure de côte :

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répondre sans moindre hésitation

 à l’appel irrésistible grand large !

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Scénario

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Une valise, un bateau, la mer et le rêve d’un voyage d’amoureux :

aller à pied, aussi loin que possible, au bout de cette jetée en mer,

ou flirter avec les rochers, près des falaises, en bordure de côte !

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Textuels symboliques

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Empilements de pierres

  • Symbolique de forme : L’être humain est un être qui se bat contre l’entropie, contre le nivellement et l’usure qui règne en systèmes physiques. Il est bâtisseur, se bat contre le temps. La pierre est un des matériaux qui résiste le plus à l’usure : c’est pour ça que l’on ne retrouve qu’empilements de pierres en les civilisations, aujourd’hui disparues. En les construisant, l’humain se révolte contre les lois de la physique. Symbole de la volonté de résister aux lois de l’univers ! librenecessite.over-blog.com/ article-empilements

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Cairn

  • Symbolique de fond : Un cairn est un amas artificiel de pierres, placé à dessein pour marquer un lieu particulier, une forme particulière. Ce type d’amas se trouve, la plupart du temps, sur reliefs, les tourbières ou sommet des montagnes. Ces traditions actuelles dérivent d’une vieille  coutume, remontant au moins au Néolithique moyen, de construire les sépultures à l’intérieur de cairns, étant situés de manière proéminente, souvent sur les hauteurs du village des défunts ! Wikipédia : cairn

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Corrélations > pierres, eaux,  vagues, phare, étendue d’eau

  • Liens fond/forme : les pierres sont complétement opposées à l’eau : l’un est des plus solides ; l’autre des plus liquides, on le voit par vagues montant à l’assaut du phare. Toutefois le grand large peut évoquer la permanence d’une étendue d’eau qui est là depuis avant préhistoire, elle semble nous cacher un mystère qu’il faut chercher, d’où l’appel du large, pour prendre de la distance par rapport aux vicissitudes de la terre ferme !

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