201 – Je ne suis plus qu’un point à l’horizon !

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Visuels scénario

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En milieu de journée, on me voyait

encore  bien de la côte bretonne,

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201 2

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fin de journée, ma voile se réduisait

 à peau de chagrin en triangle

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au coucher  de soleil on ne ma distinguait plus :

un point, c’est tout.

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Visuels scénario

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  • Je me sens hors du temps, de saison, de raison. Je vois la mer au loin,  très loin, jusqu’à l’infini, je ne peux y accrocher mes yeux qui n’ont plus de lieux ni de repères. Mon voilier avance dans la brume, sans le vent requis, les vagues chatouillent sa coque en formant clapotis. Sortis du courant montant,  descendant, de marée, abandonné à moi-même, je me vois seul, esseulé. Les derniers oiseaux marins me saluent sur ma route, volant, planant, plongeant, dans leurs trois dimensions. Ils apparaissent comme par magie, s’évanouissent à l’horizon puis reviennent, vite, vers la côte : auraient-ils eu peur de l’infini ! Ils nous laissent partir jusqu’au plus lointain de nos rêves fous : le jour tombe, la nuit s’enflamme, la mer rougeoie de partout. Le soleil se couche comme un vieux disque usé enterrant ses lumières. Voilà qu’il me réveille, courant, haletant, à la poursuite de son rayon vert. A la noirceur de la nuit, s’ajoute la froideur du bruit du vent dans les drisses. Notre esquif compose avec les vagues, se fraie un passage, en douceur, en glisse. Le vent monte, les vagues grossissent : je suis seul, de quart, et j’ai peur de tomber. Les équipiers dorment, silence radio, les autres sont à terre : impossible de communiquer. Durant les quarts, pas d’écarts, car si je me noie, personne ne viendra me repêcher. Impossible d’aller ailleurs qu’en ce petit espace clos, cocon à ne jamais quitter. Le manque survient, l’attente me retient, l’espoir revient, liens renoués. Il faut partir longtemps et loin pour goûter au plaisir de se retrouver, se ressourcer et, pour un débutant, ce n’est pas donné. Nous sommes enfants perdus au milieu de tumultes qui nous sonnent, par bruits urbains, espaces contraints, qui nous environnent, par usages, routines, actions répétées qui nous façonnent. Faire le vide en soi, c’est s’abandonner à la solitude intime qui décape son foie, lave son cerveau : espace ultime où l’on ne pense pas à savoir à quoi tout cela rime. J’adore ces étonnants instants où la mer vous prend à témoin d’existence. La vie ne dure que printemps, hirondelle est charnelle, ici nous ravit, nous étonne, fascine âme spirituelle. La mer me porte, m’emporte, m’inspire : bien que ses vagues me bercent, son air me rend plus vivant.

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Textuel extension

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  • Au départ de croisière, en longeant la côte, on voit encore le  flanc ; soleil baissant, en fin d’après-midi, on n’aperçoit plus que les voiles ; pour finir, on distingue à peine un point dans l’axe du soleil couchant. Ce n’est pas la côte qui recule, c’est moi qui la quitte, volontairement. Ce n’est pas que je sois perdu, à la dérive, c’e n’est qu’éloignement de tout ce que j’ai laissé derrière moi : femme, enfants, soucis. Je sens le poids de ma solitude mais légèreté de ma liberté.   Â l’horizon, plus de balise, plus rien du tout, on ne voit plus la côte,  on ne voit que l’eau, sur 360 degrés  autour de soi  et du bateau : de quoi se croire perdu, de n’en voir le bout ! Il n’y a rien qui attire l’œil, à part les nuages et beau soleil qui nous fait de l’œil entre deux,  le vent régulier nous fait avancer à 5 nœuds,  le temps semble s’être arrêté sur une plage ! Il ne sera plus question de revenir au port, jours calendaires se profilent pour Acores ; que je sois heureux ou non, faut s’y faire, il n’y a plus que moi, le bateau et la mer.

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Textuels symboliques

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Balise

  • Symbolique de forme : Une balise est, par définition, un point fixe tant à quoi servirait une bouée qui dérive et même un voilier au mouillage bouge autour de son ancre ou de son attache.  En pleine mer, un bateau, avancera, à disparaitre au-delà de l’horizon, et réciproquent, la côte du départ, si grand soit-il, ferry, ou cargo, il n’est qu’un point évanescent, coque de noix en l’immensité de l’océan relié au monde terrien par des réseaux d’ondes et  d’images prouvant son existence, croisant des bateaux en sens inverse, qu’il approche ou qu’il évite selon le cap, l’humeur, l’ardeur, la peur.

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Balisage

  • Symbolique de fond : En domaine maritime, le balisage désigne l’ensemble des marques ou balises fixes ou flottantes placées en mer ou à terre qui indiquent, aux navires, les dangers et le tracé des  chenaux d’accès aux ports et aux abris. Le balisage désigne également les règles (formes, et couleurs) qui doivent être utilisées pour concevoir les balises. Le balisage respecte, dans l’ensemble des pays ayant une façade maritime, les règles. Source : Wikipédia

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Corrélations > repères,  point, lieu, disparition, isolement

  • Liens fond/forme : Nos repères terrestres, traits de côtes, estrans, s’évanouissent, disparaissent progressivement, nous laissant abandonnés, comme en isolement, sans aucune possibilité de localisation d’avant ! La courbure de l’horizon s’accentue tout autour et le temps s’arrête en attendant la fin du jour, je me voyais grand sur grand bateau au port, ici, si minuscule que je crains pour mon sort !

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